Un album de reprises Blues ? L’exercice est tentant, surtout quand il est signé AEROSMITH, dont ce sont les racines musicales. Cependant, après un "Just Push Play" pas toujours convaincant et aux sonorités parfois bien synthétiques, subitement le doute s’installe. Comment Tyler & Co allaient-ils aborder les morceaux choisis ? Allaient-ils le faire sous le spectre du AEROSMITH moderne, pourvoyeur de hits mais ayant laissé une partie de son âme au vestiaire, ou au contraire, allaient-ils savourer et se faire plaisir ?

La présence de Jack Douglas à la production est un indice en soi. Ce dernier à une approche plus organique que Marti Frederiksen avec lequel il est associé et le rendu est intéressant. Les musiciens n’ont pas la même agressivité qu’à leur début, mais ils reviennent à un style qui leur correspond déjà plus, qui renoue avec une certaine image que l’on peut se faire d’AEROSMITH, le tout dopé par un gros son, épais, moins enclin aux digressions stylistiques.

Surtout que là, le groupe tape dans les années 50 et 60 principalement, des trucs que Perry et sa bande écoutaient quand ils étaient gamins et jeunes musiciens, ils se sont construits avec et ils ont décidé de se faire plaisir. Plutôt que d’associer un morceau à un artiste en particulier, l’un d’entre eux va même avoir l’insigne honneur d’être visité à trois reprises (Mississippi Fred McDowell avec "Back Back Train", "You Gotta Move" et "Jesus Is On The Main Line").


Le groupe est toujours sur le fil, hésitant entre l’hommage soutenu et l’appropriation et cet équilibre précaire va bien à "Honkin’ On Bobo". Il y a ces moments où la guitare se veut tranchante, d’autres où Tyler fait des miracles avec simplement son harmonica. Perry s’octroie le micro sur deux titres ("Back Back Train" et le "Stop Messin’ Around" de FLEETWOOD MAC) et le bougre s’en sort plutôt bien, parvenant à faire oublier son chanteur un instant.

Et au milieu de tout cela, la formation parvient tout de même à placer une de ses composition, "The Grind". Une ballade. Voilà voilà voilà… Cela aurait pu sonner le glas, provoquer des crises d’urticaire ou faire vomir des limaces, mais le résultat est plutôt satisfaisant. L’aspect Blues retire beaucoup des aspects mielleux que les Dupont Volants avaient développés ces vingt dernières années et reviennent à un slow moins radiophonique, qui passera donc totalement inaperçu.

Il s’agit là d’une récréation bienvenue, qui permet au groupe de faire un break après une série de disques plus formatés et de proposer un album pour les fans de longue date, qui s’y retrouveront déjà plus ici que sur les dernières productions. Cela reste évidemment anecdotique par rapport à la maestria dont faisait montre la formation au début de sa carrière dans le domaine de la reprise, mais cela permet de retrouver un AEROSMITH plus « authentique ».

Note réelle : 3,5/5.