Deux ans à peine après le tant décrié "A Thousand Suns" et ses expérimentations electro globalement foirées, malgré quelques morceaux intéressants, un Chester toujours au top dans ses chant et des mélodies pas dégueux dans l’ensemble, LINKIN PARK nous revient avec ce "Living Things", sans que l’on puisse vraiment savoir à quoi s’attendre. La première piste donne le ton : ce sera la continuité pour les Californiens, dans l’ensemble, même s’il diffère également par bien des aspects.

Déjà, on retrouve l’alternance des voix sur un même titre, là où Shinoda et Bennington avaient tendance à se répartir les titres sur les deux précédents opus, ce qui m’agaçait au plus haut point tant c’est de cette alchimie qu’étaient nés "Hybrid Theory" et "Meteora", élément marquant de ces pierres angulaires du Neo. On a également, timidement, un léger regain d’agressivité, Brad a retrouvé sa gratte, même si visiblement Bourdon n’a toujours plus le droit de cogner sur ses fûts ("Victimized" à part qui bourrine dans le vide malheureusement). Au coin, le Robbie ! À se demander en vertu de quoi il est crédité sur l’album. Enfin, une fois de plus, certaines lignes mélodiques de Chester sont toujours aussi belles ("Castle Of Glass", "Lost In The Echo"), même si elles évoluent dans un registre qui fleure bon la fête à Neu-neu et la barba papa.

Voilà, on a fait le tour des « bons » points, on va pouvoir se lâcher maintenant. Ce cinquième LP est d’un vide abyssal. Autant j’arrivais à admirer une certaine forme d’audace sur "A Thousand Suns", autant cet opus n’en fait preuve d’aucune. À essayer de contenter les fans de la première heure de façon bancale tout en gardant le cap sur l’évolution pressentie, LINKIN PARK fait un plat magistral depuis le plongeoir de cinq mètres. Certains morceaux sont juste inaudibles ("Roads Untraveled" ou "Powerless" et leurs chœurs dégoulinants de niaiserie, "Until It Breaks"), quand le son des arrangements semble juste sorti d’un clavier bontempi pour enfants ("Lost In The Echo", "Skin To Bone"). Que la production a mal vieilli ! Au moins, l’essai de 2010 montrait dans ce style plus de recherche, ayant une claire ligne directrice et allant pleinement au bout de la démarche.

Enfin, et ce n’est pas le moindre des sujets, mais je peine franchement à ressentir la moindre émotion dans l’une ou l’autre des douze chansons qui composent le disque. Et ça, c’est tout simplement impardonnable. Patchwork moisi quasiment du début à la fin, "Living Things" est un ratage en grandes pompes, malgré quelques sporadiques éclaircies uniquement dues au talent du regretté Chester Bennington, qui se fourvoie malgré tout dans cette sombre bouse.

Note réelle : 1,5/5.