Je me suis retrouvé à écouter NUCLEAR ASSAULT suite à une chronique assez élogieuse de Phil Pestilence dans Hard Rock Mag et depuis, "Handle With Care" est devenu un de mes disques de chevet. Ce monsieur a eu une part non négligeable dans ma découverte des sons plus extrêmes à l’époque et je lui en serai à jamais reconnaissant. Ce "Game Over", je l’ai découvert un peu plus tard, avec sa pochette immanquable signée Ed Repka, qui offre ici une espèce de prélude à celle du "Peace Sells… But Who’s Buying" de MEGADETH tant les deux se répondent. Je vous préviens tout de suite, je ne suis pas toujours très objectif quand je parle de ce groupe, en raison du kif simple qu’il me procure bien souvent.

NUCLEAR ASSAULT, c’est un groupe qui est catégorisé de seconde zone. Parce qu’il est arrivé en 1986, parce qu’il ne vient pas de la Bay Area, parce qu’il pue un peu le Punk Hardcore et parce que la presse a érigé un Big Four qui était intouchable et que tout ce qui arrivait après était du second couteau. Quand on gratte un peu, on se rend compte pourtant qu’il y a matière à prendre son pied avec ce groupe, ce disque en particulier. Déjà, l’album dure trente-cinq petites minutes, il va droit à l’essentiel, parfois un peu trop même, ça joue vite et fort, la basse de l’ancien ANTHRAX Dan Lilker gronde férocement, elle s’inscrit totalement dans le son du groupe et il y a un chanteur… John Connelly s’époumone férocement, il monte dans les aigus avec une facilité déconcertante et surtout, il tient la baraque, il ne fléchit pas. Personnellement, je le trouve plus pertinent qu’un Belladonna par exemple (un peu gratuit l’exemple, Connelly chantait dans ANTHRAX avant Neil Turbin).

Et sur ce premier album, nous subissons la fougue de la jeunesse et le martellement incessant du groupe et bon sang, ce que ça fait du bien ! NUCLEAR ASSAULT va droit au but, il ne se sent pas obligé de faire de longs morceaux pour faire comme METALLICA, ni de bourriner à outrance comme le ferait SLAYER. Non, NUCLEAR ASSAULT, c’est de l’adrénaline pure, poussée par un chanteur original dans le genre, criard mais totalement supportable, apportant une hargne à l’ensemble. En fait, c’est absolument jouissif et chaque titre (je ne parle pas des interludes) est une déflagration qui ne laisse pas indemne. "Sin", "Nuclear War", "Vengeance" ou encore "Brain Death" sont des incontournables de cet album qui ne fait pas dans le détail. Sauf sur "Brain Death", qui se veut un morceau plus développé, qui dure près d’un cinquième de l’album (ce qui, sur treize morceaux, est relativement énorme). Là, nous avons droit au grand jeu avec arpèges en introduction, un solo splendide plus fin que certains plans shred appliqués.

Notons aussi ce "Hang The Pope" qui flirte avec le Grindcore, un condensé de brutalité bestiale et primaire qui permet de faire le pont entre "Radiation Sickness" et "After The Holocaust". Le tout est délivré avec un humour bien moins potache que celui d’ANTHRAX. Et malgré tout, cela n’avait pas suffi à l’époque pour imposer le groupe, qui n’avait pourtant pas à rougir face à la proposition du Big Four cette année-là. Délit de sale gueule ? Album qui sort trop tard dans l’année ? Peut-être que sa parution en même temps que le "Reign In Blood" de SLAYER, qui était un disque attendu, l’aura éclipsé sur la scène US et par extension, sur la scène européenne ? Quoi qu’il en soit, "Game Over" est un classique du genre, à ne pas négliger sous prétexte qu’il n’a pas la célébrité de certaines autres ogives de l’année. Une expérience à tenter au moins une fois dans sa vie si on est amateur de Thrash à forte tendance Crossover.