Deux EPs, un album en 2022 et une deuxième prestation au Hellfest l’été même... Les signes avant-coureurs n’ont pourtant pas manqué, mais que voulez-vous, cela ne m'aura nullement empêché de passer totalement à travers la (plus tant que ça) courte existence de POINT MORT, d’où cet habile rebond sur la chronique du collègue Dark Beagle, afin d'en profiter pour appuyer tout le bien que je pense de cette superbe nouvelle livraison des Franciliens. Un mal pour un bien finalement (positivons), redoublant - par son effet de surprise - la puissance de ce cinglant et rutilant parpaing dans ma mouille, ne l’ayant ni vu débouler, ni anticipé. Et, le plaisir, d'en être ainsi que plus grand !!

Dans les grandes lignes, POINT MORT, fait du Post Hardcore. POINT. BARRE. Dans le détail - là où se terrent les plaisirs coupables - les cinq nous mettent d’emblée au défi d'en rester à cette seule étiquette, décidément bien trop étriquée. Dès "An Ungrateful Wreck Of Our Ghost Bodies", les moments d'épilepsie riffique se disputent leur hégémonie sur la partition aux plus intimes situations ; les uns comme les autres révélant, à leur manière, la même intensité primale. Ce sont plus de dix virevoltantes minutes qui échoient à ce fabuleux tableau d'ouverture de Post Metal Atmo qui saura si délicatement vous arracher les tripes. Nope, aucune forme préalable d'avertissement pour cette tornade d’énergie brute qui s’échoue sur votre platine. Matelassez votre living-room, rangez vos kids, ça va vous vandaliser l’intérieur !

Parlons-en, de tornade ! De par la prestation de son harsh-frontwoman, la force du combo n’en est que décuplée. Si un évident premier parallèle pourra automatiquement se tisser avec d’autres grandes de la scène (Julie Christmas lors de ses flows d’incartades les plus aiguës et habitées, voire une Eurogirl (MONARCH, FAUCHEUSE) ou une Asphodel [PIN-UP WENT DOWN, ha si si, j’y pense parfois]), la comparaison - pour notre plus grand intérêt - n’ira guère plus loin, Sam poussant avec hardiesse ses lignes vocales les plus extrêmes avec une apparente et déconcertante facilité. Ça fuse droit et c'est justement ce que j'adore dans cette approche : ce flow propulsé, pur et viscéral, sans la moindre once d’un quelconque frémissement (à part le long de l’échine) au moment de percuter l'auditeur qu'on devinera abasourdi, ébahi, ou les deux, face à une telle déferlante !

En tout cas, le ton est donné, et les trente-deux minutes suivantes ne sauront à aucun moment ne serait-ce que baisser le niveau de subtilité et d’intensité de ce trop précieux disque, sous fond de blasts ou de guitares claires. Noir clair, blanc foncé, mais étonnement jamais gris, le groupe ne se contente pas de balayer devant sa propre porte, évoluant quelque part entre la Pop Hardcore, la Candy-violence, le chaotic Post Beat ou l'Atmo Crust syncopé (mais whaaat?!), sans jamais se prendre les pieds dans le paillasson, ni perdre de vue la qualité intrinsèque de ses compositions, particulièrement ses longues pièces ‘à tiroirs’ qui n'ont de cesse de renouveler le plaisir au moment d'allègrement alterner toutes leurs influences ("Iecur" avec la gratte qui vient broder le long des différentes approches vocales qui se dropent le mic' sans vergogne, ou "The Bent Neck Lady" elle aussi un puits de folie furieuse à fleur-de-peau).

Bref, cette diatribe, couplée à l'excellent écrit de mon éclairé collègue, doit au moins vous donner l'envie d'aller cliquer dans les liens de gauche. Enclenchez la première, passez la seconde, top : vous avez dix minutes pour vriller !!