1996. J’attendais le 20 février avec une ferveur presque religieuse car je savais que ce jour sortait la nouvelle offrande de SEPULTURA, groupe qui m’avait profondément marqué de "Schizophrenia" à "Chaos A.D", avec en points d’orgue les monstrueux "Beneath The Remains" et "Arise". Une tétralogie certes imparfaite, mais de grande qualité. J’étais impatient de voir si les Brésiliens allaient faire la passe de cinq, mettre le monde à genoux avec leur nouvel opus qui me faisait saliver avec ce que je lisais dans la presse spécialisée.

Puis j’ai eu l’album entre les mains, je n’ai pas résisté longtemps avant de mettre le CD dans la platine et là… Là… comment dire ? C’est comme si un train avait déraillé dans ma tête, happant ma joie et l’envie d’écouter ce disque. Pourquoi ? Parce que "Roots" est moche. Très moche. Il peut y avoir quelque chose de beau dans la brutalité, là elle est juste laide, inféconde, moribonde presque. C’est long, mais c’est long pour rien, les riffs finissent par tourner en rond et je hurle presque de plaisir quand Kisser sort la guitare acoustique sur "Jasco".

Ça commence pourtant pas si mal, hein, "Roots Bloody Roots" est un bon petit bulldozer qui fait le taf mais Max a régressé dans les couches les plus primales de l’être dans son chant, absolument dégueulasse (David, le chroniqueur qui a le nain de "Heros Of Might And Magic IV" en avatar, plaisante souvent avec "Cut-Throat", mais il a entièrement raison : c’est immonde et ferait passer le Max de "Refuse/Resist" pour Freddie Mercury – et là je suis en train de perdre Jeff). Et il ne fait que beugler comme ça tout du long, on en vient à croire en Dieu quand il y a des invités ou quand Carlinhos Brown vient prendre le dessus sur "Ratamahatta".

"Roots" est un disque usant, passionnant deux secondes et demi, terriblement monotone et sans envergure finalement. "Dictator Shit" ? Ah ouais, un truc Hardcore pour finir, mais on est presque hors de propos, ça ne fonctionne pas. Limite, je sauve "Attitude", "Straighthate", "Ratamahatta" et "Born Stubborn" de ce marasme, même "Roots Bloody Roots" finit par me vriller les tympans – toujours ce chant atroce, mixé trop en avant qui prend le dessus sur le reste et que ça me fait grave chier parce que certains passages de ce titre, sur l’instrumental, sont vraiment superbes.

La décision de virer Max est peut-être la meilleure idée que les autres ont eu, cela leur a permis de durer pendant encore presque trente ans, puisque "Quadra" doit marquer le clap de fin de l’aventure. Et surtout, cela leur a permis de recadrer le sujet. Oh, ils se sont aussi vautrés par moments, cela ne fut pas toujours simple pour Derrick Green de prendre le flambeau. Mais aucun disque post Max n’est aussi mauvais que ce "Roots" qui sous prétexte qu’il inclut des instruments traditionnels et des percus tribales, a été jugé génial par une presse qui s’extasiait devant ce disque comme BHL devant Arielle Dombasle.

Si ce disque a contribué à faire rentrer Mefisto dans l’univers du Metal, il a réussi à m’éloigner de SEPULTURA pendant quelques années. À vrai dire, j’ai recommencé à écouter sérieusement le groupe à partir de "The Mediator Between…" Et je n’ai jamais pu blairer SOULFLY. Mais ça on s’en fout. Cependant, "Roots" reste, à mes oreilles, l’un des disques parmi les plus surestimés de l’histoire du Metal, et surtout l’un des plus mauvais qu’il m’ait été donné d’entendre.