Après des années assez maigres niveau sorties, AEROSMITH sort un album studio inespéré, "Music From Another Dimension", à la pochette qui fleure bon les films de drive-in des années 50. Nous ne sommes pas dans le même trip que pour "Honkin’ On Bobo", le délire est bien poussé ici, avec une foule de petits détails à découvrir. Cependant, le groupe reste dans une dynamique assez similaire, avec un style qui se rapproche de celui qu’il pratiquait dans les années 70, même si les Dupont Volants continuent à proposer trop de ballades.

Cet album figure parmi les mal-aimés de la formation. Il y a plusieurs critères pour cela. Il est déjà beaucoup trop long. 68 minutes, ça pique un peu, surtout quand il y a trop de ballades. Vous pouvez penser que je fais une fixette là-dessus, mais depuis "Get A Grip", elles sont nombreuses et plombent les disques, qui auraient été bien plus efficaces à être condensés et nettoyés des morceaux trop mièvres. Parce qu’hélas, AEROSMITH ne savait plus composer de titres comme "Dream On" ou "Seasons Of The Wither", pour ne citer qu’elles.

Pourtant tout n’est pas à jeter sur ce "Music From Another Dimension". Déjà, niveau style, la présence de Jack Douglas à la production assure une certaine assise, moins lisse et pompeuse que si Marti Frederiksen s’y était attelé seul avec Tyler et Perry. Aussi nous découvrons que la guitare retrouve du mordant, que le feeling groovy à souhait est bien là, les cuivres sont également présents sur quelques titres, contrairement à certains délires Électro audibles sur "Just Push Play". Et ça fout la pêche d’entendre Tyler pousser sa voix comme au bon vieux temps directement sur un "Luv XXX" sur lequel le groupe semble avoir retrouvé sa force de frappe.

On retrouve également quelques songwriters extérieurs bien connus, comme Desmond Child ou Jim Vallance, qui font un bon taf (le premier co-signe "Another Last Goodbye", ballade finale dans le domaine du potable, le second s’illustre sur l’excellent "Century Child", qui a des allures de classique pour le groupe, entre ce qui était proposé sur "Permanent Vacation" et "Pump". On notera également la présence de Carrie Underwood sur le médiocre "Can't Stop Lovin' You", une candidate d’American Idol invitée par Tyler qui était juge pour l’émission de télé-crochet.

En plus, je vais vous le dire sans rougir, "Tell Me" fonctionne bien avec moi, Hamilton a réussi à donner un feeling très ’70 à cette ballade qui fonctionne très bien parce que devant, il a un chanteur qui fait un taf monstrueux et qui assure toujours autant quand on lui confie un micro. Après, les autres, faut pas trop me poser de questions dessus, parce que je ne les retiens pas forcément, même si je viens d’écouter l’album cinq minutes auparavant. Je peux juste dire qu’il y en a de trop (et je viens de voir que c’est également le grief numéro un de mes collègues).

Mais finalement, le pire truc qui pouvait arriver à ce disque était de voir les musiciens faire l’équilibriste entre deux périodes : les ’70 et les ‘80/90. Les deux univers ne se fondent pas très bien entre eux et cela va déséquilibrer le disque, avec cette seconde moitié plus boursouflée, moins directe et frondeuse que la première, même si je sauve "Lover Alot" et "Freedom Fighter" parce que Perry vient apporter un peu d’adrénaline à l’ensemble. Après, attendre onze ans pour un résultat pas forcément à la hauteur des espérances placées en ce disque, c’est frustrant et ça pousse au rejet. Et pourtant, je l’aime bien ce disque. Sans m’extasier, mais je l’écoute sans déplaisir.

Certes, j’aurais adoré avoir un disque entier produit par Jack Douglas seul, comme au bon vieux temps, et voir si le groupe pouvait retrouver le mojo qui le caractérisait dans les années 70 et j’y ai cru sur les six premiers morceaux, puis j’ai encore espéré un peu avant de cesser d’y croire. "Music From Another Dimension" est un album correct pour AEROSMITH, ni plus ni moins ; le groupe aurait pu faire mieux tant on sent que les musiciens en avaient encore sous le pied, mais c’est comme s’ils avaient un cahier des charges à remplir en fonction du succès de "Get A Grip" ou pire, de "I Don’t Want To Miss A Thing". Mais personne ne pensait qu’il s’agirait alors probablement de leur dernier opus.

Top : "Luv XXX", "Oh Yeah", "Beautiful", "Tell Me", "Legendary Child", "Lover Alot"
Correct : "Out Go The Lights", "Street Jesus", "Freedom Fighter", "Another Last Goodbye"