Je ne serai pas forcément loquace concernant "United Abominations". Autant j’ai pu avoir la langue bien pendue concernant ses prédécesseurs, autant vous avouerez que s’attaquer au ventre mou de la discographie de MEGADETH peut s’avérer fastidieux. Si encore ces disques s’avéraient nuls à chier, on pourrait envisager de se marrer un peu, mais ce n’est même pas le cas. Il y a encore un peu de positif à en tirer.

Le titre de l’opus, déjà. Bien trouvé ! L’ami Mustaine a toujours eu le nez creux en la matière… Et puis quelques morceaux, quand même. "Washington Is Next" entre sans trembler dans ma sept-list post 2000 du combo (note pour plus tard : il faudrait que je m’y colle un jour, d’ailleurs). Il y a en effet à peu près tout ce que l’on attend chez le rouquin : férocité, maestria technique, chorus mélodique, solo inspiré : tout est là, dans ce registre Heavy thrashisant qui lui sied au teint depuis "Countdown". Mais au lieu de construire un disque solide après une entrée en matière enthousiasmante (j’inclus "Sleepwalker", qui mérite les honneurs avec ses clins d’oeils nostalgiques à la grande époque de "SFSGSW"), MEGADETH retombe dans ses travers bavards. En terme de riffing, "The System Has Failed" n’était qu’un mirage trompeur, une touche d’espoir au milieu d’un océan décidément bien médiocre.

Évidemment, le line-up a encore bougé, mais là aussi, tout le monde s’en fout. On est en 2007, chacun, moi y compris, se branle de Dave et sa clique, quelle qu’elle soit. Allez, notons quand même pour l’histoire que Poland s’est (de nouveau) barré, et que le poste de bassiste déserté par Junior est tenu par James LoMenzo (1), qualifié à l’époque de légende par Mustaine en raison d’un pedigree, il est vrai assez remarquable : BLACK LABEL SOCIETY, WHITE LION, SLASH’S SNAKEPIT, David Lee ROTH,... Et ? Balek, il ne sert à rien. "Gear Of War" parodie "Cryptic Writings", mais sort malgré tout du lot en comparaison de l’ennui profond qui nous gagne sur le title-track ou sur "Blessed Be The Dead". À l’exception des deux premières pistes, aucune partie de guitare n’est marquante, un comble quand on parle de l’une des références en la matière.

"United Abominations" tourne désespérément dans le vide ("Amerikhastan", "Burnt Ice"), à peine sauvé par quelques fulgurances rétro (le pourtant maladroit "Play For Blood") sans jamais ne serait-ce qu’atteindre la cheville boursouflée de l’égo du névrosé frontman. Il se paie même le luxe en conviant Cristina Scabbia (LACUNA COIL) de remettre le couvert pour une version vidée de toute émotion d’"À Tout Le Monde", chanson déjà à la base la plus surestimée de la carrière du groupe. Mais… POURQUOI ? À quoi ça sert ?

La mode est à se définir comme attachiant quand on est un peu con mais pas méchant. Avec ce onzième LP, Dave devient, lui, franchement agachiant, torpillant tout seul comme un grand son propre apologue. La fin de la galette est une franche purge, à l’image du coloriste de l’artwork qui - j’espère qu’il y a une justice en ce bas-monde - doit encore croupir dans une geôle à Guantanamo.

Note réelle : 1,5/5.

(1) Notons pour les plus pointilleux lecteurs que LoMenzo a depuis effectué son retour en 2021 pour remplacer (encore) Ellefson, de nouveau licencié. Masochiste ? Sans doute...