LORD BELIAL est un cas complexe pour moi. Car j’ai beau avoir essayé de manifester toujours autant d’enthousiasme et tenter de donner et de redonner encore une chance au groupe, en prenant beaucoup de temps pour le redécouvrir, je dois bien rendre quelques-unes de mes armes et me convaincre que non, LORD BELIAL n’est peut-être définitivement pas ma tasse de thé.

Pourtant je ne maudis pas cet album qui, du reste, est mon préféré et de loin de la discographie du groupe. Peut-être bien que sa haute teneur en blast me gêne aussi et que mes neurones saturent de ce côté monolithique des rythmes effrénés que nous propose ce deuxième album des Suédois. Je dois dire que cela me gâche parfois les envolées pourtant radieuses et exceptionnelles que le groupe nous offre à tour de bras (le passage magnifique de "Path With Endless Horizons" vers la deuxième minute du titre, la seconde moitié superbe du titre final "Realm Of A Thousand Burning Souls (Part 1)" densément ténébreuse avec le jeu vocal de Dark, et le duel chant masculin et féminin sur le titre éponyme d’ouverture).

L’album est riche en instrumentations, c’est un fait. Vous y trouverez pêle-mêle du violon, de la flûte, de la guitare acoustique, du chant féminin éthéré, et du riffing savoureux. Deux titres pour moi sortent du lot en plus des parties des titres sus-cités : "Lamia" et "Forlorn In Silence". Si le second brille dans la nuit avec ses chuchotements et sa guitare acoustique belle à pleurer - qui nous rappelle aux entournures les titres acoustiques du "The Somberlain" de qui vous savez - "Lamia" est une lame qui vous transpercera le cœur. Ce titre m’a littéralement hanté et je l’ai considéré pendant longtemps comme un des plus beaux que le Black Metal de cette époque-là ait pu accoucher. Tout dans son ambiance m’enivre et me berce. Sa flûte enchanteresse, les leads atmosphériques composés à merveille, la puissance discrète des vociférations de Dark, le violon sanglotant, et la mélancolie qui se hume tout autour. Magistral, "Lamia" est une perle de lumière.

Avec son côté volontiers plus thrashy que le nébuleux SACRAMENTUM, LORD BELIAL aurait peut-être plus d’atomes crochus avec les velléités mélodiques d’un DISSECTION par exemple mais dans une version survitaminée. Je comprends tout à fait qu’un grand nombre de Blackeux adorent cet album mais pour ma part il ne me passionne pas plus que cela. J’aurai voulu lui donner la meilleure note rien que pour "Lamia", mais je vais raison garder et faire mon choix eu égard au temps passé et aux nombres d’écoutes que, depuis plus de vingt ans, je lui ai accordé.