Cela a hypé fort lorsqu’est sorti le troisième album des Américains de BLOOD INCANTATION. La machine s’est emballée du côté des fans et des chroniqueurs, chacun de ceux-là n’y allant pas par quatre chemins pour ployer le genou de manière ingénue devant cette nouvelle offrande. Alléchés depuis la parution de leurs deux premiers albums – avec un "Starspawn" sensationnel très bien décrit par Positron – une horde d’aficionados se ruait à qui mieux mieux pour se délecter des nouveaux appétits psychédéliques du groupe.

Moi dans mon coin, j’attendais un peu que la tempête médiatique passe en délaissant un peu l’écoute de "Absolute Elsewhere" pour me concentrer davantage sur la révision de mes classiques du Krautrock puisque bon nombre en ont fait état vis à vis de BLOOD INCANTATION. Cela tombait bien car cela faisait un petit temps que je ne m’étais pas replongé dans les premiers albums de TANGERINE DREAM que j’avais tant admiré ("Alpha Centauri" et "Green Desert" en tête de course), ou bien encore dans les vapeurs atmosphériques de Manuel GÖTTSCHING au sein de ASHRA ou de ASH RA TEMPEL. Et puis retrouver aussi les expérimentations extatiques de Klaus SCHULZE notamment dans mes albums préférés de lui, "Moondawn" et "Body Love" fut un beau voyage. Réamorcer ensuite la pente du Rock en replongeant dans le "Deluxe" de HARMONIA, les deux albums de NEUE!, mais aussi le "Rare Birds" de HOELDERLIN ou bien encore prendre le bain psychédélique en compagnie du "Zuckerzeit" de CLUSTER, ou un peu plus éthéré et Prog encore avec le "Das Hohelied Salomos" de POPOL VUH…

Mais est-ce que le dernier album de BLOOD INCANTATION avait tant besoin de ce travail dans les vapeurs hallucinogènes des 70's ? Sans doute pas et je dois dire que passé la première écoute un peu songeuse que j’en ai faite, les autres réécoutes m’ont donné un bon coup de fouet pour écrire en substance mon ressenti final. Non, ce n’est pas l’album de l’année. Oui il se consomme sans modération. Non, il n’excelle pas plus que cela au sein de la discographie du groupe. Faire des parallèles avec PINK FLOYD ou la musique Prog ou Mé berlinoise a plus de sens que d’essayer d’emmener BLOOD INCANTATION de l’autre côté du Rhin. Les parties progressives ont plus d’âme que leurs velléités psychédéliques qui ne restent pas si hallucinantes que cela. Alors je m’accroche davantage pour les parties Death qui restent bien portées par une lugubrité dense. J’avoue que de temps à autre, je me laisse à quelques comparaisons avec WORM et pour le coup sur ces parties qui m’y font penser je prends un malin plaisir.

Les pistes très Prog/Kraut que sont "The Stargate [Tablet II]" et "The Message [Tablet II]" sans être désagréables ne m’ont pas plus emballé que cela. Elles souffrent plutôt du bain immersif que je me suis farci pour préparer mon écoute de "Absolute Elsewhere". Peut-être plairont-elles davantage aux moins connaisseurs (je suis désolé de dire cela pour eux) de la mouvance progressive du "Rock choucroute" des 70's et amèneront un vent de singularité et d’originalité bien appréciable dans leurs écoutes. Pour en revenir aux parties Death Metal BLOOD INCANTATION, l’identité américaine est bien marquée (coucou MORTICIAN, DYING FETUS, IMMOLATION) et vous en aurez pour votre grade pour encaisser quelques notes bien dissonantes et des leads belliqueux qui cherchent à être cradingue et angoissants. Mention spéciale au dernier titre qui extirpe dans ces onze belles minutes un suc digeste et bien équilibré en PH balançant entre acidité Death et alcalinité Psyché/Prog.

Même si au regard de sa discographie BLOOD INCANTATION détache quelques lambeaux Death de sa carcasse, nos Américains y restent toujours bien attachés. L’album s’il se voulait plus charmant sur le papelard garde sa brutalité tonale et ses assauts chirurgicaux. Pas foncièrement excellent mais sans doute pas mauvais non plus, "Absolute Elsewhere" ne sème aucun doute sur son efficacité. Mention spéciale à "The Message [Tablet I]" qui envoie sec et bien profond. Je vous laisse vous foutre ce titre où vous voulez, il fonctionne. Bon c’est pas le tout mais après ces terribles assauts, je retourne dans les pénates avec le "Malesch" de AGITATION FREE dans les esgourdes cette fois-ci. Non, BLOOD INCANTATION vous avez encore un peu de taf pour égaler cette galette !