Le pari sera-t-il gagnant ? En sélectionnant "Vain Glory Opera", l’un des albums les plus consensuels d’EDGUY – si ce n’est LE plus consensuel – vais-je faire tomber mon cher maître à penser, John Duff, dans le piège de l’attribution d’une bonne note mécanique, histoire d'avoir de quoi nous mettre sous la dent pour notre première baston d’opinion ?

Car bien que "VGO" soit, du haut de ma méconnaissance en termes de Power, une pierre angulaire du style, ce dernier n’est pas exempt de reproches, surtout après les centaines d'écoutes cumulées depuis mon adolescence. Mais nuançons. Au regard de la jeunesse des membres du groupe qui signaient déjà leur troisième album alors qu’ils avaient à peine dépassé la vingtaine, difficile de leur en tenir rigueur. Honnêtement, qui peut se vanter d’avoir composé à cet âge des hymnes comme "Out Of Control" (même avec l’aide des pointures citées dans la chronique principale de Fredouille), "No More Foolin’", ou même "Scarlet Rose" ?

Avec cet album, Tobias Sammet et sa bande cherchent à fédérer bien au-delà des débuts plus intimistes ("Kingdom of Madness") ou du chef-d’œuvre brut qu’est "Savage Poetry". La formule ici est plus accessible, visant une efficacité immédiate sans pour autant entrer en pilotage automatique, nous délivrant des titres catchys et glorieux comme "Hymn", ou tiens tiens… le fameux "Vain Glory Opera" et ses pouet pouet, dont on pourrait se servir de torture façon Orange Mécanique à haute dose ! Vraiment, je ne peux plus entendre ni le "riff" de synthé hi-pitché aux deux-tiers du morceau, ni ce solo clé-en-main, pas plus que l’interminable outro a capella !

Bien qu’il soit difficile (et un peu chié sur les bords) de critiquer ouvertement "Vain Glory Opera", il m’est impossible de faire l’impasse sur la capacité d’EDGUY à produire des albums incroyables de bout en bout, comme le précédemment cité "Savage Poetry" et surtout sa réédition préfixée d’un article défini, ni de faire une projection astrale vers le futur pour m’apercevoir que ce n’était pas un coup de chance, en témoignent "Mandrake", "Hellfire Club", "Rocket Ride"... Mais ça c’est une autre histoire. Et si le potentiel est indéniable, on peut légitimement pointer du doigt un mixage un peu aléatoire et quelques transitions maladroites entre les morceaux.

Alors, pour la postérité, concentrons-nous sur la quintessence de "VGO". Laissons de côté des titres comme "Fairytale", "Tomorrow" ou "Walk On Fighting", qui sans être mauvais, peinent à suivre la cadence du fantasque frontman au sommet de son imagination débridée, toujours prêt à révolutionner la cause du Power.

Morceaux préférés : "Out Of Control", "Scarlet Rose", "No More Foolin’".