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FELLOWSHIP - The Skies Above Eternity (2024)
Par T-RAY le 11 Décembre 2024          Consultée 1068 fois

Non mais quelle connerie de chroniquer des Nouveautés ! À courir après le temps pour sortir dans le délai imparti la critique d’albums qu’on commence seulement à découvrir vraiment et à intégrer à son âme - car l’on ne parle pas juste d’implémenter un logiciel - on finit par négliger certaines choses. Et notamment l’amour que peut susciter une œuvre. Car, soyons francs : l’amour n'est pas toujours une affaire de coup de foudre. Il peut aussi naître petit à petit, grandir en toute discrétion pour s’imposer, plus fort qu’aucun autre, au bout de plusieurs mois. Et vous contraindre à vous agenouiller devant son évidence.

Oui, j’avais mis “The Saberlight Chronicles” en Sélection il y a deux ans. Oui, j’avais fait l'éloge du premier album de FELLOWSHIP. Mais je lui avais collé la note de 4,5/5, “dégradée” à quatre étoiles pour exprimer les rares réserves que j’avais à son encontre. Or, ce dont je ne me rendais pas compte, loin de là, c'est à quel point ce disque ferait aujourd'hui partie de moi. Au point d’en connaître chaque note de guitare, chaque parole, chaque ligne de chant du parfait Matthew Corry. Le genre de chose qui, l’amour aidant, pousse normalement à noter 5/5, puisqu’on ne peut de toute façon pas monter plus haut. Diantre, me voilà donc bien embêté à l’heure de chroniquer le deuxième et tant attendu (par moi-même) longue-durée du quintette britannique…

Parce qu’au final, ce que vous, lecteurs, verrez et ce que les algorithmes des moteurs de recherche retiendront, c'est que les deux ouvrages finiront avec le même nombre d’étoiles. Alors que l’aîné des deux m’apparaît indépassable. Inatteignable. En tout cas dans son genre : ce Power Metal Symphonique plus bienveillant qu’aucun autre. Avec “The Skies Above Eternity”, FELLOWSHIP parvient pourtant à se rapprocher de son auguste aîné. Mais sans reproduire tout-à-fait la même recette. Ne serait-ce que musicalement, déjà. Les inspirations venues d’autres groupes s’entendent encore, mais de manière beaucoup moins flagrante que sur certains titres de “The Saberlight Chronicles”, ou n’occupent qu’une partie d’un morceau quand certains titres du premier album faisaient complètement penser à du SONATA ARCTICA ou du DRAGONFORCE.

“The Frozen Land”, issu de “The Winterlight Chronicles” et qui ressemblait beaucoup à un morceau d’Herman Li & Co., n'est même pas de la partie. Ce que je qualifiais en avril dernier de résidu d’E.P. si le morceau avait intégré la track list du deuxième album n’est donc même plus un résidu : il est juste révolu. FELLOWSHIP a sensiblement élevé le niveau. Désormais, la sensation d’avoir entendu tel passage ou telle partie ailleurs est plus fugace, FELLOWSHIP ayant considérablement affiné son style personnel. Et ce, tout en reconnaissant l’impact du Power Metal japonais sur son œuvre, le batteur et principal compositeur Callum Tuffen étant un fan hardcore de GALNERYUS.

Cependant, ce second album des Britanniques est autrement plus impactant, en cette année 2024, que le dix-septième longue-durée des natifs d’Osaka, sorti en septembre. Au-delà du très japonisant “Eternity”, dont l’esthétique est un hommage direct au Pays du Soleil Levant, FELLOWSHIP et Tuffen en particulier ont emprunté au Power Metal nippon ce sens particulier de l’harmonie, sensible notamment, de l’aveu même du groupe, sur le pré-refrain du splendide “Hold Up Your Hearts (Again)”. Qui ouvre l’album de manière encore plus spectaculaire qu’“Until The Fires Die” n’ouvrait l’opus précédent ! Cette influence japonaise n’est pas pour rien dans la sensation d'entendre un générique d’anime à l’écoute du très, très héroïque et exaltant “The Bitter Winds” ou du glorieux “World End Slowly”, absolument jouissif dans sa positivité poussée au maximum.

FELLOWSHIP est, de toute façon, l’un des groupes de Metal actuels à avoir le mieux intégré les standards de la Pop Culture, tous arts confondus. Matez-moi cette pochette, tiens ! Classique pour le genre, vous me direz, mais le Hongrois Péter Sallai s’est tout de même surpassé ici, offrant l’une de ses plus jolies œuvres picturales et une illustration qui aurait pu tout autant servir à la jaquette d’un jeu vidéo qu’à la couverture d’un roman d’Heroic Fantasy Young Adult. Ou encore figurer sur une carte d’un jeu de deckbuilding ou d’un JCC. Autrement dit, l’artwork est suffisamment évocateur pour qu’on sache qu’on va écouter du Power Metal mais pas suffisamment kitsch pour qu'on soit CERTAIN qu’il provienne d’un album de Power Metal.

Dans Pop Culture il y a “culture” mais il y a aussi “pop” et, là encore, FELLOWSHIP n’a pas peur du mot. L’influence de Matthew Corry en la matière est d’ailleurs capitale car le chant si grand public du bonhomme est décisif dans le positionnement très Pop Music de certaines compositions. Je parle de “King Of Nothing” en particulier car, sans les guitares électriques de la paire Wosko/Browne et la batterie de Tuffen, ce titre ne ferait aucunement tache dans une playlist de variété anglophone tant son tempo et sa composition ont quelque chose de dansant comme seule la Pop sait en produire. Je parle aussi de “Dawnbreaker”, outrageusement Eudorance dans sa construction et son interprétation, à tel point qu’il n’aurait pas été surprenant de découvrir qu’il s’agit d’une reprise Metallisée d’un hit des années 90. Je parle enfin de “A New Hope”, qui n’a rien à voir avec l’Episode IV de “Star Wars” mais qui pourrait en avoir avec une chanson d’un futur Classique d’animation Disney.

Quoi qu’on en pense, le Power Metal est le plus Pop de tous les Métaux, il ne faut donc pas s'étonner que FELLOWSHIP n’ait aucune peur de pousser le bouchon loin en la matière : il est équipé pour. Ces trois titres peuvent certainement paraître too much aux gardiens du temple Power Metal, qui n’a pourtant jamais été intransigeant et encore moins intégriste lorsque ses fondamentaux sont respectés. Or, FELLOWSHIP les respecte absolument. Et un titre plus sombre comme “Victim”, toutes guitares hurlantes et toute basse galopante, rappelle combien le quintette est attaché à sa part de Metal. C'est là son identité et l’on ne peut l’imaginer la lâcher. Demandez à notre John Duff, qui ne jure que par la guitare électrique, si Brad Wosko et Sam Browne n’envoient pas le pâté en la matière ? Ça tricote sérieusement et avec vélocité, par-dessus le marché !

Un respect pour la cause Metalleuse qui se constate également dans le refus évident de laisser les éléments symphoniques prendre trop de place dans la musique du combo. La justesse avec laquelle ceux-ci sont employés est remarquable. Ils soulignent la plupart du temps avec une grande délicatesse le travail des autres instruments et apportent une emphase nécessaire. Et lorsqu’ils portent seuls la musique, c'est pour de vraies raisons. Soit prolonger la tension née des pures parties Metal, comme sur le final de “Hold Up Your Hearts (Again)” (FELLOWSHIP a encore réussi à me tirer une larme, putain…). Soit apporter un côté féerique à une composition toute entière, comme sur “A New Hope”. Soit jouer les interludes comme sur l’instrumental final “Memories On The Wind” qui, eu égard à sa position, rappelle que les œuvres de FELLOWSHIP sont connectées, cette conclusion pouvant très bien préfigurer l’introduction du troisième album déjà en cours de composition.

Oui, les œuvres de FELLOWSHIP sont connectées par les thématiques explorées au travers du périple parfois très intime du personnage principal, interprété par Matthew Corry. Lequel a retenu que le mot power était au cœur de cet autre mot, éminemment contemporain, d’empowerment. Dans ce contexte, que le groupe revendique son inclusivité n’a absolument rien de surprenant. Tous les textes du vocaliste qui, rappelons-le, ne vient pas de la sphère Metal, sont le cri d’un protagoniste vulnérable en quête d’accomplissement, d’appartenance et de détermination. Si l’on n’est pas prêt aux torrents de positivité qu’ils dégagent, on n’est pas prêt pour FELLOWSHIP.

Malgré ce panégyrique, je reconnais que le cœur de l’ouvrage, qui se tient pourtant en vingt minutes de moins que “The Saberlight Chronicles”, peut apparaître comme un léger ventre mou. De “Dawnbreaker” à “King Of Nothing”, la puissance évocatrice des Britanniques s’essouffle un tantinet et l’ouragan de dopamine, de sérotonine et d’ocytocine que déchaîne le groupe baisse très légèrement en intensité. Je sais pourtant qu’en ne mettant que quatre étoiles au nouveau FELLOWSHIP, je viens peut-être de reproduire la même erreur que j’ai commise en juillet 2022. Et mon cœur saignera certainement si d’aventure “The Skies Above Eternity” s’avère, à la longue, aussi miraculeux que “The Saberlight Chronicles”. Même si, cette fois, j’étais plus que préparé au choc FELLOWSHIP, ceux-ci venant une fois de plus de délivrer mon album de l’année. Non, franchement, quelle connerie de chroniquer des Nouveautés…

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   T-RAY

 
   JOHN DUFF

 
   (2 chroniques)



- Ed Munson (basse)
- Callum Tuffen (batterie)
- Sam Browne (guitares)
- Brad Wosko (guitares)
- Matthew Corry (chant)


1. Hold Up Your Hearts (again)
2. Victim
3. The Bitter Winds
4. Dawnbreaker
5. Eternity
6. King Of Nothing
7. World End Slowly
8. A New Hope
9. Memories On The Wind



             



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