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2025 1 Le Point De Non Retour

POINT MORT - Le Point De Non Retour (2025)
Par DARK BEAGLE le 2 Août 2025          Consultée 534 fois

Je ne sais pas par quoi, par où commencer. Je n’ai aucune idée de plan, ni de ce que je vais bien pouvoir raconter sur ce disque. Je suis totalement déboussolé, enivré par ce que je viens d’écouter. Encore et encore. La musique de POINT MORT ne m’a pas quitté durant un long moment, il me fallait y revenir. Encore en encore. Elle n’a rien de facile pourtant, même si ne renierai pas le terme « délicatesse » la concernant. Bon, je vais essayer de réunir quelques idées, de créer des phrases explicatives même si mon idée première serait de vous jeter dans la fosse aux lions afin de voir comment vous vous dépatouilleriez avec tout ceci. Une chose est certaine, "Le Point de Non Retour" n’est pas un album qui laisse indifférent.

La pochette déjà attire l’œil. Avec ce deux personnages féminins, l’une jeune et l’autre plus vieille, cette dernière portant visiblement la benjamine sur ses épaules. Elle fait référence au titre "The Bent Neck Lady" (la Femme au Cou Penché), qui est l’une des pièces maîtresses de ce disque. Le groupe s’écarte des lignes et des courbes, de la géométrie des précédentes jaquettes et illustre l’une de ses compositions, avec un impact visuel clair, où chacun pourra faire l’interprétation qu’il voudra. Cela humanise quelque peu le propos, lui donne une consistance autre, figurative. Et cela aide à stimuler l’imagination de l’auditeur qui peut très bien être mise à mal par la musique proposée.

Là encore, plusieurs mots peuvent s’entrechoquer dans nos esprits pour la décrire : défouloir, brutalité, schizophrénie, exigeante. A aucun moment il ne sera question de bruit. Mais je m’arrêterai volontiers sur le côté exigeant de l’affaire. Quand on écoute cet album, on constate très rapidement que les morceaux forment un ensemble, qu’il y a une homogénéité, une ligne directrice qui lie les différents morceaux de ce "Point de Non Retour". Quand bien même le chant de Sam Pailly est aussi versatile qu’habité, une logique se dégage de ce disque qui n’est de fait pas qu’un simple défouloir malgré une brutalité souvent contrecarrée par des moments plus mélodiques, pour ne pas dire éthérés.

Je l’évoquais à l’instant, le chant de Sam est certainement l’« élément focus » de cet opus de POINT MORT. Par se présence importante, par sa capacité à passer d’un chant clair à des screams et autres growls de bon aloi, elle capte l’attention de l’auditeur car clairement, elle nous raconte des choses, avec une intensité et une passion tangible. Si l’on pense évidemment à Tatiana Shmayluk (JINJER), évoquer Stefanie Mannaerts (BRUTUS) n’est pas déconnant non plus. Sam se laisse porter par les textes et la musique, elle interprète réellement ses mots, elles ne se contente pas de placer une beuglante pour placer une beuglante ; elle la vit, intensément, comme elle va chercher des intonations différentes pour les passages en clean, prenant un ton nasillard de fillette agaçante ou au contraire, devenir angélique.

L’évolution entre "Pointless" et "Le Point de Non Retour" est impressionnante. On ne dira pas que les musiciens se sont sublimés ici, ils ont plutôt ciblé leurs points forts afin de proposer la meilleure musique possible, sans se trahir, en devenant également plus personnels, plus originaux dans leur domaine. La qualité de composition est évidente, elle se traduit par une fluidité de l’ensemble malgré des atours chaotiques, des enchaînements qui se font le plus naturellement possible, cette capacité à maintenir une pression incessante tout du long, même dans les moments les plus calmes car l’explosion n’est jamais bien loin, elle peut intervenir de façon surprenante et le tout sans jamais renier l’aspect mélodique.

Le Post Hardcore de POINT MORT est riche, troublant, ahurissant. Si "ॐ Ajar" en surprendra plus d’un en introduction, avec son approche très Électro, tout le monde sera rassuré dès l’enchaînement avec le nerveux "An Ungrateful Wreck Of Our Ghost Bodies", peut-être le morceau le plus proche de ce qui était proposé sur "Pointless", qui vient faire comme une transition (très réussie) entre les deux albums. Pourtant, Sam nous met déjà au diapason du tour de force qu’elle va réaliser sur cet album, aussi bien en vocaux extrêmes qu’au chant clair. Et derrière elle, les musiciens font bloc, sans retenue mais sans jamais passer la frontière de l’inaudible, les parties les plus planantes sont d’ailleurs du meilleur effet.

Alternant titres courts et pavés plus imposants, POINT MORT sait varier les plaisirs. Un morceau très « in your face » comme "Skinned Teeth" passe tout seul, alors que Sam nous fait un véritable show derrière le micro (mais quelle maîtrise ! J’en reste coi à chaque écoute tant elle m’impressionne), le title track avec son chant rappé sort également du lot. Ces titres courts se nourrissent de la longueur parfois extravagante des autres pour briller, ils évitent ainsi la noyade pure et simple qui arrive souvent sur ce genre d’exercice. Les morceaux-fleuves, en revanche, sont passionnants de bout en bout, rien n’est là au hasard, pas un blast beat est en trop, pas une mélodie doucereuse aurait pu être gommée au profit d’une efficacité brute.

Aussi, "Le Point de Non Retour" n’est jamais ennuyeux. Pas une seconde. Même "Der" (qui comme l’indique son nom est le dernier morceau, les joueurs de belote l’auront compris. Oui, notre lectorat n’est pas tout jeune), qui se veut plus posé ne parvient pas à faire retomber la pression et c’est tant mieux. Ce disque est un tout. Un ensemble où chaque morceau possède sa vie propre, son univers, mais où tout est conçu comme une pièce unique divisée en différents chapitres. J’ai beaucoup évoqué Sam au cours de cet écrit, mais les musiciens qui l’entourent s’avèrent également excellents à leurs postes respectif, ils sont précis, carrés, mais ils n’oublient pas l’aspect jouissif de jouer ce genre de musique, ils s’en donnent à cœur-joie et surtout, ils se font plaisir.

"Pointless" n’était au final qu’un galop d’essai impressionnant déjà. Sa suite est au-delà des mots et des superlatifs. Si comme moi chaque écoute vous scotche au mur, alors nul doute que ce disque tournera longtemps sur vos platines. Je ne peux, en définitive, que m’incliner face à cet album et par extension, face à ce groupe, pour lequel je n’aurais jamais su trouver les meilleurs mots pour les définir, sinon que comme « grosse baffe dans la gueule ». C’est raffiné, élégant dans sa façon de marier les genres et juste. Certainement l’un des meilleurs albums de 2025, peut-être même celui qui mérite le plus que l’on s’arrête dessus. À condition de ne pas être rebuté par le chant de Sam...

Morceaux préférés : "The Bent Neck Lady", "Skinned Teeth", "Iecur".

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- Sam Pillay (chant)
- Olivier Millot (guitare)
- Aurélien Sauzereau (guitare)
- Damien Hubert (basse)
- Simon Bellot (batterie)


1. ॐ Ajar
2. An Ungrateful Wreck Of Our Ghost Bodies
3. The Bent Neck Lady
4. Skinned Teeth
5. Le Point De Non Retour
6. Iecur
7. Der



             



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