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DOOM DEATH  |  STUDIO

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MOURNING BELOVETH - Rust & Bone (2016)
Par WËN le 7 Avril 2016          Consultée 1948 fois

Je ne saurais dire s'il est malavisé ou non de débuter un papier par un mea culpa ; qui plus est à notre époque où, en matière de chroniques, la sotte et stérile réactivité est trop souvent portée aux gémonies. Néanmoins, vous me verrez ici m'y contraindre, à ces excuses, car faute il y a eu. Et même si sans gravité, j'estime que je leur dois bien ça à nos pugnaces troubadours de MOURNING BELOVETH. À vous aussi d'ailleurs. Mea culpa, donc, pour n'avoir su trouver le temps de vous narrer, en pourtant trois longues années, la composition de leur précédent "Formless" de 2013 ; un disque que je m'étais promis d'aborder dès mon arrivée au sein de l'équipe NIME et qui - nous y voilà – laissait transpirer au travers de morceaux à la durée évocatrice (davantage encore qu'à leur habitude), un Doom Death aux qualités certaines, accablé et désabusé, mais malheureusement contrebalancé par quelques titres et digressions moins mémorables, il faut bien l'avouer.

"Formless" eut cependant le mérite d’aider notre Irlandais de quintet à émerger de cinq années de mutisme (seulement troublées d'un split partagé avec leurs compatriotes de WRECK OF THE HESPERUS, en 2009). Dépoussiérant ainsi ses ternes armoiries, celui-ci put donc s'armer pour partir guerroyer sur les routes du vieux continent (plutôt activement même, compte tenu du style pratiqué) aux côtés, encore récemment, de ses acolytes de HOODED MENACE et SHORES OF NULL. De retour en son bruineux Kildare natal, le terne spectre de notre ENDEUILLÉE BIEN-AIMÉE ne mettra cette fois-ci guère de temps pour se relever une nouvelle fois d’entre les morts et venir nous compter, à la chaleur d'un âtre crépitant, les récits désabusés d'ancestraux poètes maintenant disparus, évoquant communément leur verdoyante île déchirée.

Les premières circonvolutions du disque s'achèveront à peine qu'à n'en point douter une prégnante et bien légitime interrogation concernant sa durée ne tardera guère à se manifester. En effet avec ses 37 courtes minutes affichées au compteur "Rust & Bone" est une œuvre concise qui, si l’on s’en tient aux immuables standards du genre, caresse davantage la longévité d'un EP que celle d'un album en bonne et due forme (souvenons, au hasard, des récents exercices de EYE OF SOLITUDE et de MOURNFUL CONGREGATION, voire du premier méfait de AHAB). C'est en fait une formation encore hantée par le fantôme de son précédent opus qu'elle eut toutes les peines du monde à sortir sous un format convenable (notamment sous sa forme vinyle accompagnée d’un CD pour le dernier titre) et qui n'a cette fois-ci voulu prendre aucun risque, que l'on devine ici. Passés les deux interludes piano/guitares évanescentes de quelques minutes qui, assez paradoxalement, lègueront leur nom à l'album ("Rust" et "Bone", donc), ne nous restera plus qu'un trio de compositions à réellement se mettre sous la dent. Certes, c'est peu. Il n'en demeure pas moins que, admise cette déconvenue initiale, nous ne saurions cependant blâmer le groupe de ce choix artistique puisque MOURNING BELOVETH ne tardera pas à nous prouver qu'il a su faire de ce dernier sa principale force ici !

Car - et c'est une première bonne nouvelle - ce "Rust & Bone" ainsi dépourvu de tout remplissage et enrobage excessif, ne conservant que le meilleur de son prédécesseur, va vite se montrer plus que convaincant, nos cinq tristes sirs s'y concentrant sur l'essentiel. Fidèle à son art décrépi là où d'aucuns ont su retourner leur veste en fonction des saisons, MOURNING BELOVETH reste plus que jamais droit dans ses bottes, faisant fi des intempéries, laissant les ondées irlandaises glisser sur son armure depuis longtemps patinée de rouille. C'est tout du moins le cas pour les deux pièces-phares de l’opus, superbes et longs pavés (respectivement 17 et 12 minutes) à l'éclat labyrinthique, presque sans surprise tant la formation a su conserver intacte son émouvante hargne. D'obédience bretonne, ce Doom Death plus épuré et contemplatif qu’à l'accoutumée (chaque riff prend bien le temps d’être développé avant de passer au suivant), mais néanmoins toujours aussi sordidement ténébreux, conserve plus de vingt ans d’acquis mais sans pour autant rester imperturbable à toute évolution. Par exemple, le chant clair de Frank Brennan (guitare), magnifique de surcroît, joue ici à armes égales avec son homologue extrême, toujours grunté avec véhémence par le père Darren Moore. MOURNING BELOVETH tente aussi de nous faire le coup de la sourde et surprenante accélération aux trois-quarts de "Godether" même si (à titre personnel) la tentative, si louable soit-elle, peut encore paraître maladroite par rapport à ce que sait nous proposer un ATARAXIE dans un créneau similaire. N'en demeure pas moins que le groupe nous offre ici deux compositions solides, "The Mantle Tomb" (surtout) et "Godether" qui, dans leurs décélérations les plus acoustiques (ces chœurs bouleversants, ces mélodies de guitares suintantes de morosité), savent nous proposer quelques-unes des parties les plus touchantes de leur répertoire.

En ces trois titres - puisqu’il faut aussi compter sur l’intemporel "A Terrible Beauty Is Born" que nous allons aborder plus bas – les Irlandais nous livrent les résultats de leurs réflexions à propos de notre amère et peu amène société qui, toute désenchantée qu’elle est, s’étouffe en de stériles conflits tandis que trépassent les derniers espoirs utopistes des siècles précédents. En effet, en totale perte de repères et de ses idéaux noyés dans une tourbe médiatique et télévisuelle, à quoi bon le progrès si c’est pour en dilapider si sottement les fruits ? C’est encore plus lourd de sens sur la pièce de clôture que nous mentionnions en début de paragraphe. Comme "Transmissions" en son temps (mais en plus concise), cette poignante déclamation acoustique folk-irlandaise basée sur un poème de W.B. Yeats et n’allant pas sans évoquer les plus calmes digressions d’un PRIMORDIAL, en fait l’acerbe constat un siècle plus tard, au gré des détonations finales d’un clip évocateur.

Ainsi s’achève cette sixième offrande des déchus hérauts, troquant les champs de bataille pour le relatif confort d’espaces plus confinés. La production reste grave mais agréable, proposant ce qu’il faut de poussière et de vieilles pierres, bien moins synthétique en tout cas que celle d'un "A Disease For The Ages" à son époque, le duo gagnant (Chris Fielding/Greg Chandler) de "Formless" étant conservé. Arrive le moment délicat de la notation d’un album court (trois réels titres) mais qui dans sa pleine décadence possède néanmoins un charme plus que certain. Dur exercice. Un EP aurait sans sourciller pu décrocher un 4/5 bien mérité, le format comme le non-rattachement discographique propre à l’exercice lui prévalant plus de souplesse. À l’inverse, se résoudre à 3 étoiles demeure sévère tant ce trio de compositions intelligemment menées, finalement, se suffisent à elles-mêmes. C’est donc le consensus qui prévaudra ici pour un 3,5/5 assez logique.

Note réelle : 3,5/5.

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   (2 chroniques)



- Darren Moore (chant)
- Frank Brennan (guitare, chant)
- Pauric Gallagher (guitare)
- Brendan Roche (basse)
- Timmy Johnson (batterie)


1. Godether
2. Rust (instrumental)
3. The Mantle Tomb
4. Bone (instrumental)
5. A Terrible Beauty Is Born



             



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