La lecture de la kroX de Beagle sur "Roots" a fait vibrer quelque chose en moi. Bien qu'il soit mon aîné de plus de dix ans, mon ressenti est trait pour trait identique au sien, et plutôt que de me lancer dans une redite en blablatant dessus avec bien moins de classe que lui, je prends la tangente et pars, tant qu'à faire, sur un bon album : "Machine Messiah".

Mais quel lien faire entre ces deux albums que vingt ans séparent ? Si pour certains MTV rimait avec "One" de METALLICA ou l’"Unplugged" totalement surcoté de NIRVANA, pour moi c'était "Roots Bloody Roots" qui passait inlassablement, et qui m’a fait détester SEPULTURA depuis mon jeune âge (avec qualité audio crado et son clip angoissant). Trop roots pour un gamin de primaire, c’est le cas de le dire.
Et c'est par le plus grand des hasards, vingt piges plus tard, que "Machine Messiah" m’a réconcilié avec les Brésiliens. L'eau a coulé sous les ponts depuis, les CAVALERA se sont cassés faire leur tambouille dans SOULFLY et dans d’autres projets insipides à mon goût, et la bande à Derrick vient tout souffler sur son passage avec cet album quasi-exempt de reproches, aux antipodes de ses racines.

Histoire d’évacuer l’évidence d’entrée : Eloy Casagrande est un monstre aux fûts et n’a plus à le démonter, et sa retenue permet aux autres membres de se sublimer, avec notamment un Andreas Kisser absolument époustouflant, et je pèse mes mots. Tous les riffs sont catchy, et les soli d'une justesse et d'une efficacité absolue. Cela est d’autant plus remarquable de "MM" ose s’aventurer sur tous les terrains, tous les styles, toutes sortes d’instrumentations, et la sauce prend à chaque fois. Les types ont la grille de loto et la machine à remonter le temps qui va avec pour gagner à coup sûr. Du Doom au Death, du Thrash au Prog, de l’Amérique du Sud au Moyen-Orient, des intros pesantes aux riffs ultra rapides, tout est exécuté d’une main de maître et chaque seconde est captivante. Allez, il y a une légère retombée entre "Sworn Oath" et "Silent Violence", mais la barre a été placée tellement haut sur les cinq titres précédents, que je chipote.

Qu’il s'agisse des titres coups de poings comme "I Am The Enemy" et ses deux minutes vingt-sept d'agression, de l’instrumental (!) "Iceberg Dances" totalement expérimental au plus classique thrashisant "Vandals Nest", ou la reprise du générique d’Ultraman "Ultraseven No Uta" (inutile, donc indispensable comme on disait sur Game One à l’époque), impossible de rester insensible à la puissance de cet opus de 2017 si tant est que le Thrash nous fasse un peu secouer la nuque.

Mais c’est le cas de tout le monde ici présent, non ? Et "Quadra" est encore mieux ? Ben merde.

Note réelle : 4,5/5.

Morceaux préférés : "I Am The Enemy", "Cyber God", "Phantom Self".