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- Style : Verge, Anti, Psychonaut 4, Silencer, Shining, Apati, Urfaust
- Membre : Darkened Nocturn Slaughtercult

BETHLEHEM - Dark Metal (1994)
Par STORM le 30 Mai 2024          Consultée 840 fois

En 1994, alors que la machine du Metal extrême s’emballe par l’intermédiaire de la seconde vague du Black Metal nordique, cette dernière va rapidement remporter tous les suffrages et déferler dans le cœur des hordes d’une jeunesse avide de sensations fortes et d’accointances belliqueuses. À cette époque des labels commencent à se faire de sacrés noms et se taillent la part du roi, je pense notamment à Osmose, Candlelight, Napalm, No Fashion, Moonfog mais aussi le label français Adipocere Records. Une myriade de groupes tous plus talentueux que les autres sont signés à tour de bras et font progresser la scène, lui donnent ses lettres de noblesse et sèment de nouvelles voies pour les décennies suivantes. Et BETHLEHEM fait partie de ceux-là. Né en 1991, au milieu des DARKTHRONE, ROTTING CHRIST, BEHERIT, IMPALED NAZARENE, cet obscur combo germanique s’est rapidement taillé une originalité de son et de ton dont les contours semblent avoir été dessinés au scalpel. Sous l’impulsion de Klaus Matton (le guitariste), et de Jürgen Bartsch (le bassiste claviériste), BETHLEHEM va créer son propre concept et son style en sortant son premier album ni tout à fait Black Metal ni tout à fait Doom Metal, ni tout à fait autre chose, le bien nommé "Dark Metal".

C’est vrai qu’en ce temps-là Adipocere Records signent quelques pointures : citons par exemple MOONSPELL, SACRAMENTUM, DIABOLICAL MASQUERADE, alors lorsqu’apparaît sur le catalogue BETHLEHEM avec ce "Dark Metal", la curiosité l’emporte chez beaucoup. Et à l’instar d’un DEINONYCHUS et dans une moindre mesure d’un DOLORIAN, notre quartet teuton nous propose un album poisseux, savamment imbibé des relents lourds d’un Doom oppressant et d’une ambiance Black Metal très dépressive et larvée. Si nombre de groupes avaient jeté leur dévolu sur la rapidité des rythmes et les envolées mélodiques sous la bannière de Satan, BETHLEHEM s’était accaparé la lenteur des riffs et les ambiances mortelles sous le règne de la grande Faucheuse. Forcément lorsque la mort s’empare des vicissitudes de la vie, sa puissance est diabolique. Klaus Matton enfant a perdu sa mère d’un cancer à la suite de quoi son père s’est pendu. Jürgen Bartsch quant à lui a perdu une poignée de ses amis qui se sont tués. Le point d’orgue fut le décès de sa petite amie enceinte par pendaison, bien qu’il ait tenté de la sauver. À la suite de quoi, Jürgen plongea dans l’enfer des drogues et de la dépression. BETHLEHEM restera toujours le réceptacle de ces grandes souffrances et certains albums dont le fameux et génial "Dictius Te Necare" (sorti à la suite de "Dark Metal"), seront dédiés aux suicidés comme un ultime hommage, une étape de résilience et un ultime rempart contre l’oubli.

Et pour couronner le tout, "Dark Metal" a subi aussi les foudres de la censure notamment en Allemagne. Jugés satanistes - la chasse aux sorcières de l’époque – nombre de concerts ont été annulés par les autorités, et le label Adipocere a même retiré certaines paroles du livret notamment celle du titre "3rd Nocturnal Prayer" en ne les imprimant plus… Et la série noire continuera avec d’autres évènements suite à la sortie de "Dictius Te Necare" mais ceci est une autre histoire et nous en reparlerons le moment venu. Pour en revenir à l’album sujet de cette chronique, il est indéniable d’y percevoir un goût immodéré pour les aspects les plus sombres du genre humain. Les ambiances y sont lourdes et schlinguent le poison. Pour un premier coup d’essai il est réussi et des titres sortent du lot tant ils disséminent dans l’air des odeurs viciées et âcres. Je pense particulièrement à "Apocalyptic Dance" et ses breaks variés et funéraires, notamment sa dernière partie envoûtante et lugubre à souhait dont je ne peux que vous conseiller l’écoute. Je vous évoquerai aussi les titres "Funereal Owlblood", "Veiled Irreligion" et "Second Coming" concentrant un Black/Funeral Doom tout aussi mélodique que mortifère, sans oublier celui qui a ma préférence, le titre final "Wintermute", malgré son enregistrement plus faiblard et sa production moins pêchue (ndlr : les deux derniers titres ont été enregistrés et mixés une année plus tôt dans un autre studio), reste oppressant au possible et emporte l’âme dans ses leads parfois éclatants mais toujours mâtinés d’une tristesse tenace et désabusée. Ah ! Et n’oubliez pas d’écouter le titre introducteur "The Eleventh Commandment" bien rageux et qui plante le décor sinistre de cet opus.

Certains groupes sont des visionnaires et des précurseurs et BETHLEHEM en fait partie. Le choix d’appeler son premier album "Dark Metal" relève non pas de l’imposture mais d’une certaine forme de génie. Assez éloigné de ce qui sortait en même temps dans les bacs de l’époque, nos teutons ont juste posé les bases du DSBM (Depressive Suicidal Black Metal), et permis aux futures entités que sont SHINING, LIFELOVER, ANTI, APATI, SILENCER d’éclore sous d’autres aspects certes mais porteurs de gênes communs. BETHLEHEM est donc à considérer, d’autant plus que le meilleur de leurs albums reste à venir.

Note réelle : 3,5/5.

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   (2 chroniques)



- Jürgen Bartsch (basse, claviers)
- Klaus Matton (guitare)
- Chris Steinhoff (batterie)
- Andreas Classen (vocaux)


1. The 11th Commadment
2. Apocalyptic Dance
3. Second Coming
4. Vargtimmen
5. 3rd Nocturnal Prayer
6. Funereal Owlblood
7. Veiled Irreligion
8. Gepriesen Sei Der Untergang



             



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