Je sens un regard noir qui me fusille depuis le coin de table me servant de bureau dans les locaux pourtant spacieux de NIME… Peut-être n'est-ce qu'une impression, mais j'ai tout de même le sentiment que depuis que j'ai troqué la disco d’OFFSPRING contre la dernière mousse au chocolat de la cantoche, mon maître vénéré John Duff semble s'impatienter de mon atermoiement à traiter le reste de leur discographie… Ayant peur de me faire envoyer dans le bureau du directeur, voire pire, forcé à écouter la bibliothèque Doomesque de Wën au-dessous des 80 BPM, c'est la goutte au front que je m'y attèle séance tenante.

La bande de joyeux lurons guidée par notre docteur en biologie moléculaire préféré remet ainsi le couvert pour la onzième fois, et c'est avec une fébrilité de déjà-vu que je lance cette courte galette d'une demi-heure, craignant que l'énergie Punk Californienne du combo sur la fin de sa cinquantaine (voire le début de la soixantaine pour Noodles) ne les quitte définitivement, les albums précédents n’augurant rien de réjouissant.

Alors comme voulant contrecarrer le poids du temps, l’artwork (*), corroborant son titre court mais équivoque, "Supercharged" assume vouloir mettre un coup de pied dans la fourmilière en nous survoltant de titres courts mais puissants (et attention, je n’ai pas dit "survolant" !).
Ainsi, pas le temps d’niaiser que "Looking Out For #1" et surtout "Staring At The S-", je veux dire "Light It Up" déboulent et nous délivrent des tubes OFFSPRINGiens pur jus, simples et catchy à souhait qui permettent une bonne entrée en matière… Avant de tomber dans un schéma à la "Rise And Fall […]", avec une grosse dose d’hétérogénéité. On sautera ainsi du moyen au bon, en passant par l’inattendu, et sans jamais se frotter au daubesque, ni à l’excellence d’ailleurs. Disons qu’en termes de teenage Punk, la roue a été inventée depuis belle lurette, et la routourne a tourné maintes et maintes fois comme disait l’autre.

Je ne boude ainsi pas mon plaisir de spoiler les titres dans chacune des catégories mentionnées :

Dans les bons, nous avons donc les deux premiers titres précédemment cités, "Truth In Fiction" (un "All I Want" version 2.0.), ou encore "Get Some" avec son riff hyper efficace, peu subtil dans sa ressemblance avec celui de "Carry On My Wayward Son", au point que le break est littéralement une cover de quelques secondes du titre de KANSAS. Pas finaud, mais rigolo.

Dans les moyens, qui ne mériteront pas plus ample développement, nous avons "The Fall Guy", l’instant sentimental gentillet "Ok, But This Is The Last Time", et la doublette "Hanging By A Thread" / "You Can’t Get There From Here", sans lesquels l’album n’aurait duré que vingt-cinq minutes et aurait pu être à juste titre qualifié de fainéant.

Finalement, dans les pires (et je sais que vous attendez impatiemment cette partie), les lauréats sont "Make It All Right" et son "All I want to do is to fly away with you", répété à outrance par une voix prétendument lascive qui fout des frissons de gêne, et surtout l’absurde promotionnel "Come To Brazil". Honnêtement, pas grand-chose ne fonctionne sur ce titre qui se veut pourtant fédérateur de foules en live : l’intro à la "Sad But True", le correcteur de pitch immonde sur le chant d’Holland, le solo stupide et l’hymne de stade de foot (Ribéry, le retour) aboutissent à un bric-à-brac maladroit et fastidieux. On dit merci qui ? Merci Bob Rock !

Qu’en reste-t-il au final ? Avec un bon coup de neuralyzer dans les mirettes après avoir subi "Come To Brazil", les OFFs délivrent une galette globalement plus qu’acceptable. Je me dois d’être totalement transparent, au risque de m’attirer les foudres de Sir JD, au sens propre car je vois des lasers jaillir de ses yeux (**) : la première écoute de "Supercharged" m’a donné un coup de fouet. Je ne m’attendais à rien, et je n’ai pourtant pas été déçu. Mais soyons objectifs : passé l’effet de surprise, et surtout au regard des notes assez sèches de mes prédécesseurs sur des albums pourtant charnière des Californiens (putain, 3/5 à "Americana" !), il ne peut y avoir de miracles quant à l'attribution de celle la galette du jour. Toutefois, l’avenir est sûrement plus radieux que ce qu’avait prédit les oracles grincheux, qui avaient déjà enterré ceux qui ont participé à nos belles années adolescentes. Allez tous en cœur : "oléééé olé olé olééééé…"

Morceaux préférés : "Get Some", "Light It Up", "Truth In Fiction".

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(*) Bleu. Il vaut mieux que je m'arrête à ce descriptif factuel, au risque sinon de critiquer son goût discutable, à l’instar des polices d’écritures immondes ! Sérieusement le Times New Roman n’a pas été banni par la charte du bon goût depuis des lustres ?

(**) Ce récit est évidemment à prendre au dix-huitième degré, le lascar étant d’une gentillesse incommensurable.