Recherche avancée       Liste groupes



      
AVANT-GARDE METAL  |  STUDIO

Questions / Réponses (1 / 1)
L' auteur
Acheter Cet Album
 

ALBUMS STUDIO

2008 1 Il Y A

MUTYUMU - Il Y A (2008)
Par DARK BEAGLE le 6 Juillet 2024          Consultée 489 fois

À mesure que le temps passe, l’impression que la musique mainstream ne produit que des produits génériques m’envahit. Tout n’est qu’une question de calibrage, comme si une chanson, pour devenir un succès, tenait plus d’un algorithme que du feeling. Je travaille dans une grande enseigne culturelle et la musique de fond devient petit à petit un irritant quand la playlist est centrée sur « tubes du moment » : le doute s’immisce rapidement : ai-je déjà écouté ce titre ? Ne vient-il pas de passer ? Pourquoi cette reprise est-elle neurasthénique ? Pourquoi le matériel d’origine n’est-il pas respecté ? Et diantre ! Pourquoi le rayon Metal se réduit encore à peau de chagrin ?

Si le Metal n’échappe pas à cet état des faits (l’originalité n’est pas toujours de mise et certaines productions – suivez mon regard – rendent des groupes bien inoffensifs en étant bien trop propres), de nombreuses formations s’échinent à se détacher du lot. Ce ne sont pas forcément celles qui auront le plus de succès (et encore TOOL est un phénomène à ce niveau), mais elles permettent au style de durer en y apportant des mutations, en osant s’extraire des carcans pour faire souffler un vent de fraîcheur sur un genre qui se mord rapidement la queue. Au Japon, et bien que ce disque ne soit pas si récent, "Il Y A" de MUTYUMU se pose là.

Ce groupe est un peu une énigme auditive. Qu’écoutons-nous réellement ? Ou, de façon plus directe, qu’est-ce que ce truc ? J’ai vu que Dolorès a essayé de décrire cette musique du mieux qu’elle le pouvait et ma foi, son approche est assez juste. Pour d’autres personnes, cela pourrait s’avérer complètement faux. MUTYUMU est un ressenti avant toute chose. Comme elle l’a indiqué, ce terme signifie approximativement « rêve à l’intérieur d’un rêve » et cela est assez évocateur dans l’approche musicale des Japonais.

La clé de MUTYUMU, c’est cette symbiose entre un piano présent, joué avec force, allié à une voix d’apparence fragile, mais qui possède une puissance insoupçonnée : elle est toujours présente, elle s’affirme toujours quand on ne l’attend pas, mais elle paraît tellement délicate, cela en devient troublant. Là, nous plongeons dans l'onirisme, mais le rêve n'est pas que quiétude. Les autres instruments sont bien présents. Les rythmiques sont hallucinantes, Junpei Suda est un batteur impressionnant, au jeu véloce et précis. La guitare se fait plus discrète, mais elle est toujours là, en embuscade et un phrasé jazzy se fait subitement plus Metal, dans un enchaînement parfait : on ne voit absolument rien venir. Ou plutôt, on n’entend rien venir.

Cet album est une véritable expérience musicale. Le piano offre un canevas asiatique marqué, les amateurs de BO d’animés ou de JRPG ne seront pas à proprement dépaysés en les entendant. Ce qui risque le plus de les interloquer, c’est ce que le groupe en fait, où il l’emmène, comment la ligne mélodique se transforme petit à petit avec une fluidité incroyable. "Prayer" est un très bel exemple de ce qu’est MUTYUMU. Cela commence doucement, la progression n’est pas brutale, elle se fait dans une certaine logique, jusqu’à l’explosion sur une partie instrumentale puissante avant un final finement ciselé.

MUTYUMU n’est pas purement Metal. Il puise des influences larges, dans le Classique, l’Opéra, le Jazz, des musiques plus contemporaines. Mais nous notons également des touches de Black, de Post-Rock, de Rock/Metal Prog, voire de Metalcore, le tout passé dans les brumes d’une léthargie pas si innocente que cela. Une voix plus écorchée vient de temps en temps faire un contrepoint avec la fragilité affichée par Hatis Noit, comme si un Yokai venait se mêler de ce qui ne le regarde pas. Nous sommes au-delà du Metal. Peut-être même de la musique. Il s’agit d’une expérience auditive.

Autant vous dire que je ne risque pas d’être surpris au travail par un titre de MUTYUMU. Ce n’est pas vraiment Grand Public et pourtant, ce n’est pas non plus purement Metal. "Il Y A" (marrant ces titres en français ou en allemand) date de 2008, mais il aurait pu sortir hier, ou demain. Il est intemporel et se fondra aussi bien dans n’importe quelle époque qu’il pourrait y faire tâche. Intemporel et à la fois hors du temps donc. Cela reste un groupe à découvrir, ne serait-ce que pour proposer à ses oreilles des compositions qui sortent de l’ordinaire.

A lire aussi en AVANT-GARDE par DARK BEAGLE :


TRIUMPH OF DEATH
Resurrection Of The Flesh (2023)
Nostalgie huh !




CELTIC FROST
Parched With Thirst Am I And Dying (1992)
Huh ? Huh !


Marquez et partagez




 
   DOLORÈS

 
   DARK BEAGLE

 
   (2 chroniques)



- Ryota Yoda (guitare)
- Yuko Ikenaga (claviers)
- Hatis Noit (chant)
- Junpei Suda (batterie)
- Chiaki Okamoto (violon)
- Yuji Hayashi (basse)


1. Il Y A
2. Die Ewige Wiederkunft
3. L'oeil Est Dieu
4. Toi Et Moi
5. Repetitional Existence
6. Doxa Incarnate
7. Unforgiven
8. Raison D'etre
9. Sappho
10. Prayer
11. Hai No Hi



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod