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MANOWAR - Hail To England (1984)
Par FREDIAN le 8 Novembre 2024          Consultée 277 fois

1980. Tournée "Heaven & Hell". Newcastle upon Tyne. Une intervention "divine". Une rencontre détonante. Un "navire" échafaudé et vite à flot.

1980 donc. SHAKIN' STREET, groupe de Hard Rock français pionnier (avec TRUST notamment) de la scène hexagonale, ouvre pour le grand BLACK SABBATH. Dans les rangs du combo tricolore, un jeune guitariste transfuge des Hardos Glamo-Punk de The DICTATORS tape dans l'œil de Ronnie James. Dio lui présente un bassiste de leur crew, un certain Joey DeMaio. Le courant passe de suite et les bœufs s'enchainent pendant que le SAB' enflamme les scènes. Le reste appartient à l'histoire et celle de MANOWAR va commencer sur les chapeaux de roue. Bob Currie (1), un contrat avec EMI, un enregistrement à Miami, la fiesta, les femmes et même Orson Welles en guest star (2). Si le succès n'est pas immédiat at home (ils devront d'ailleurs changer de label dès leur deuxième album), outre-Atlantique leur Heavy héroïque et primaire infusé à la NWOBHM est davantage plébiscité, par les fans et par une partie de la presse spécialisée.

"Hail To England", troisième opus de MANOWAR, se veut donc un hommage au pays qui les a vu "naitre" et qui les a soutenu dès leurs débuts. Bon, ça reste des Américains, donc "géographobes", et la pochette arbore un drapeau du Royaume-Uni (les Écossais apprécieront hu hu). Passé ce détail, "Hail To England", c'est le grand MANOWAR, j'ai même envie d'ajouter le "trve" MANOWAR. Dans la continuité de "Into Glory Ride" (dont le lancinant "Each Dawn I Die" assure la parfaite transition) mais en plus dépouillé, plus efficace et plus dynamique, voilà un Heavy épique "Conan-esque" ou "POLEDOURIS-ien" construit avec trois fois rien. Un bon riff ("Army Of The Immortals" devenu iconique, "Hail To England"), des rythmiques puissantes ("Blood Of My Enemies", "Bridge Of Death") et pas seulement martiales ou tronçonneuse ("Kill With Power" étant le contre exemple), des lignes de chant entraînantes (e.g. "Blood Of My Enemies", "Army Of The Immortals"), des soli sans surenchère ("Black Arrow" excepté) et juste ce qu'il faut d'atmosphères pour envelopper le tout (des claviers discrets et des chœurs savamment dosés, light sur "Blood Of My Enemies" et plus emphatiques sur "Hail To England"). C'est basique certes. Les paroles sont d'un manichéisme adolescent assumé dont la devise "nous contre le reste du monde" est encore empreinte d'une naïveté presque touchante. Mais ça transpire l'héroïsme, c'est une véritable bande originale pour aventures barbares et destructrices.

Eric Adams confirme qu'il est l'un des meilleurs gosiers pour conter ce genre de fantaisies. Et sur cet album il triomphe comme le guerrier sur la pochette. L'intensité qu'il déploie, toute en nuances, magnifie les lignes de chant. Il sait être mélodieux (refrain de "Blood Of My Enemies"), "dramatique", presque solennel, (passage "I know the one who waits..." sur "Bridge Of Death"), pseudo théâtral ("Each Dawn I Die" et ses vocalises, variations de timbre (e.g. le refrain) et jeux avec le texte [e.g. "I wear the cat-skin-gloves"]). Il communique une telle conviction, aussi bien dans la mythologie nordique de comptoir de "Kill With Power" que dans les deux pièces hommage (l'éponyme et "Army Of The Immortals") qu'au diable le ridicule, on y croit, on le suit et il parviendrait même à nous faire pactiser avec l'occulte ("there he staaands in flaaaaaaaaaaaame").

Au-delà des clichés entourant le groupe et de son image grossière, "Hail To England" réussit un exploit, ne pas tomber dans le grotesque et ce pour une raison très simple : derrière le discours viril et la musique guerrière, on sent encore une certaine légèreté comme si tout cela n'était au final qu'un jeu.


La chevauchée : "Blood Of My Enemies".
Les Walkyries : "Bridge Of Death".
Le Valhalla : "Army Of The Immortals".

_

(1) Un pote de Ross, patron du département A&R (Artists And Repertoire) de EMI Liberty à New York.

(2) Un bon "coup" de Bob Currie qui prit contact avec le manager d'Orson et ensuite, ce dernier étant partant, le timing qui se goupille bien.

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   (4 chroniques)



- Joey Demaio (basse)
- Eric Adams (chant)
- Ross The Boss (guitare, claviers)
- Scott Colombus (batterie)


1. Blood Of My Enemies
2. Each Dawn I Die
3. Kill With Power
4. Hail To England
5. Army Of The Immortals
6. Black Arrows
7. Bridge Of Death



             



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