Certaines idées ne tiennent pas franchement la route. Celle derrière les "Classics Live!" en est la preuve formelle. Nous sommes en 1986 et nous vivons la révolution numérique, les CD s’implantent doucement et remplacent petit à petit les vinyles. C’est là que l’ancienne maison de disque d’AEROSMITH décide de sortir deux disques live en deux ans, des simples d’une trentaine de minutes chacun, alors qu’ils auraient pu tenir sur un seul CD (détail amusant : une réédition européenne le propose depuis 1998). En plus d’être relativement absurdes, un certain manque de professionnalisme en ressort, puisque sur ce premier volet qui nous intéresse ici, nous restons dans le vague : les titres ont été captés entre 1977 et 1983, sans qu’aucune précision ne soit apportée. Nous ne savons donc pas où les morceaux ont été enregistrés et surtout, avec quels line-up même si cela peut peut-être se deviner.

Bon, pour les mordus de "Live Bootleg", ce disque fait un peu double usage, deux tiers des titres présents figuraient déjà sur l’enregistrement de 1978. Heureusement, ce ne sont pas les mêmes versions, ce qui aurait été une nouvelle faute professionnelle. Et surtout, le début des années 80 sont celles où Tyler était une véritable loque. Et… ça s’entend sur certains morceaux, où il semble un peu à côté de la plaque, où son interprétation se veut moins convaincante, trop en roue libre pour être véritablement plaisante. C’est le cas par exemple sur "Dream On" ou encore "Kings And Queens", où le chanteur semble être en pilotage automatique, où il véhicule moins d’émotion.

Ajoutez à cela des interprétations qui manquent parfois de folie et vous remercierez le public, mixé bien en avant, qui vient mettre de l’ambiance (écoutez son déchaînement sur "Mama Kin"). L’ensemble est joué de façon efficace, mais c’est assez policé, il n’y a pas cette furia typiquement Rock’N’Roll que l’on pouvait retrouver sur "Live Bootleg" justement. Cela reste groovy à souhait (Kramer est un super batteur, il apporte un truc quand il joue, ce ne sont pas que des séries de patterns convenus), les guitares sont bien présentes, mais un peu plus de mordant n’aurait pas été du luxe. Attendre "Lord Of The Thighs" pour une véritable grosse baffe, c’est un peu long quand même…

Et il reste la dernière idée saugrenue de ce Live : la présence d’une chute studio de "Get Your Wings", un "Major Barbra" pas franchement excitant, une ballade un peu mollassonne qui semble bien avoir été écartée à juste titre à l’époque. Bref, cela fait sept morceaux captés en public et un vieil inédit sorti des cartons pour l’occasion. Trente six minutes un peu creuses, qui ne servent pas à grand-chose, à part se faire du fric facile pour Columbia (pour rappel : "Done With Mirrors" a été publié par Geffen) qui espère bien surfer sur la vague de la reformation du line-up d’AEROSMITH. Manque de pot, les ventes étaient de la vache maigre par rapport à celles des années 70. Clairement du foutage de gueule, comme son petit frère de 1987.