28 ans, ce n’est pas un âge pour mourir. C’est trop tôt, trop brusque, notre entourage n’est pas préparé à cela, même si l’on est malade. Mais Tom Searle est parti en accomplissant de très belles choses d’un point de vue musical, en témoigne cet album d’ARCHITECTS (et les quelques autres avant, soit dit en passant), qui est une véritable petite claque. Pourtant, ARCHITECTS, cela pourrait être le Metalcore que l’on conseille à ceux qui ont peur de se lancer dans cet univers, parce que ça reste mélodique et abordable.

Et même sans se révolutionner, le groupe atteint ici une espèce de pallier. Un stade où il sera difficile de faire mieux (ils feront au moins aussi bien sur "Holy Hell"). On pourrait nommer cela un mètre-étalon, je préfère le terme « album de référence ». Parce que l’équilibre entre la hargne, la mélodie et l’efficacité est à son comble, que le groupe s’avère impérial du début à la fin (entre "Nihilist" et "Memento Mori", on passe par tout un spectre d’émotion, nous sommes bien loin du cliché de bourrinage intensif que renvoient bon nombre de formations de Metalcore) et surtout, qu’on ressort de l’écoute de ce disque convaincu.

ARCHITECTS joue la carte de la violence à de nombreuses reprises, en érigeant des murs du son ou en laissant le soin à son frontman Sam Carter d’envoyer la sauce. Ça, c’est pour l’aspect direct, percutant. Ensuite, il y a tout l’aspect mélodique. Le groupe sait comment arrondir les angles sans perdre sa percussion, on peut parfois penser au LINKIN PARK des débuts dans cet art de balancer un bon refrain au bon moment, Carter possédant une palette vocale intéressante entre ses growls, ses cris et sa voix claire, il parvient toujours à faire rejaillir ses sentiments, souvent sombres, sans qu’ils ne soient clichés à force d’être trop appuyés. Une question d’équilibre, vous dis-je.

Et c’est peut-être sur les morceaux qui recherchent le plus la mélodie que la formation s’avère être la plus efficace. Parce qu’elle peut se permettre de nous en coller une sévère en retour, déjà et ensuite parce que leur champ des possibles semble infini, avec cette utilisation intelligente d’un clavier qui ne devient jamais envahissant mais qui vient apporter des opportunités de rebondir intelligemment pour les musiciens qui font tous preuve d’une belle technique. L’absence de solo de guitare ? En fonction des genres et de la pertinence, cela n’a pas à être un passage obligatoire si le solo desservirait le morceau, ce qui serait le cas ici. Inutile de prolonger un titre si celui se suffit dans sa forme la plus primaire, voire primale.

"All Our Gods Have Abandoned Us" est un petit miracle qui balance entre la violence et l’éther, superbement construit et interprété. Une excellente porte d’entrée pour ceux qui restent réfractaires au Metalcore, parce qu’ARCHITECTS, c’est un peu plus que cela, c’est moins borné, ça regarde plus loin que le bout de son nez. Et surtout, le groupe sait se montrer passionnant du début à la fin. Un très grand disque. Merci Tom.