Après un premier LP "solo" abouti avec une foultitude de guests prestigieux, Slash part en bromance avec Myles Kennedy (ALTER BRIDGE) qui avait officié sur deux pistes du précédent effort du guitariste au haut-de-forme et l’avait même accompagné en tournée. Ils intègrent également une section rythmique constituée de Todd Kerns (basse, chant) et Brent Fitz (batterie) en tant que conspirateurs en chef afin de former un véritable groupe, ou ce qui s’en rapproche le plus. Bonne pioche, tant le quartette fait preuve d’unité et d’efficacité depuis, ledit Todd prenant d’ailleurs de plus en plus de place avec le temps.

Teasé par le single "Anastasia" alléchant dont l’élégante introduction avait volontairement fuité sur les internets, "Apocalyptic Love" tombe dans les bacs deux ans après son prédécesseur et rencontre un accueil positif. On y retrouve clairement la patte de l’ami Saul, que ce soit au niveau des soli évidemment, ou bien des rythmiques chaloupées ("Standing In The Sun"), qui s’en donne à cœur-joie tout au long de la galette. Le travail rythmique est très précis et l’ensemble tourne joyeusement comme un bon disque de Hard-Rock à l’ancienne, l’odeur du stupre en moins, le gaillard ayant rangé les excès au placard. Quelques tubes ("You’re A Lie", "No More Heroes", "Bad Rain") parsèment une galette de qualité relativement constante, à défaut d’être particulièrement brillante. Effectivement, "Anastasia" est bien une petite pépite, avec son intro acoustique chiadée, vaguement inspirée par le thème du Parrain que le guitariste a pris l’habitude d’interpréter depuis les années GUNS. Les parties instrumentales d’avèrent de toute beauté, et plus globalement il renoue avec une sève épique qui nous ramène aux heures glorieuses d’Axl et sa bande (on pensera ainsi aux morceaux fleuves du type "Estranged").

Malheureusement, l’opus est bien trop long : quinze titres pour plus d’une heure, cela relève de la boulimie, d’autant qu’il y a un paquet de chansons parfaitement dispensables (au débotté : "Far And Away", "Crazy Life", "Halo" ou "Not For Me"). C’est d’ailleurs un reproche que je ferais volontiers au sujet de Slash en dehors des GUNS : le garçon a une propension à pondre deux / trois riffs et un bon solo et de se coller en studio de manière prématurée pour coucher son projet sur bande. Il semble manquer d’exigence avec lui-même et/ou d’un élément extérieur (Axl ?) pour le pousser à aller au-delà de ce qui constituerait malgré tout de bonnes démos. Du coup, on décroche clairement au bout d’un moment, écoutant un fond sonore passivement, qui manque de surcroît de plus de moments héroïques pour relever l’attention.

"Apocalyptic Love" est un album honorable et sympathique, à l’artwork pour une fois pas trop dégueulasse et à la production organique impeccable. Pas moins, mais pas plus non plus.