Ahhh… Le surf, la plage, les p’tites pépées bien carrossées (ou pas), les glaces au carambar… Comment résister, de neuf à quatre-vingt-dix neufs ans à ce qu’il paraît, la science faisant des miracles. C’est sur cette touche Hawaïenne que s’ouvre "California", troisième album de MR BUNGLE, formation ô combien mythique menée par l’improbable trio Patton-Dunn-Spruance depuis 1986. Je ne ferai pas l’offense de présenter la formation aux caves, les autres, vous sachez. Et peut-être, comme moi, avez-vous, à l’époque, décroché après l’ubuesque "Disco Volante", à teneur hautement surréaliste. Si tel est le cas, il n’est jamais trop tard pour bien faire, car l’opus est, de loin, le plus accessible du trio frappadingue.

Metal ? Pas des masses sur cette cuvée 1999, la dernière avant un looooooooooong hiatus. Comme à l’accoutumée, le combo va chercher ses influences loin de la sphère qui nous est tant familière, y ajoutant sa touche imprévisible à chaque seconde. Du foxtrot jazzy de "None Of Them Knew We Were Robots" à la (fausse) balade "Retrovertigo", toute Faithnomorienne qui nous permet de retrouver un Patton susurrant, il y a dix pas que n’hésitent pas à franchir les Américains, et ce, en souriant, s’il-vous plait.

Il n’y a pas que la clim’ qui est déglinguée ici. L’ensemble baigne dans une torpeur moite que les vagues tentatives d’accélération ne font qu’accentuer vers un non-sens ô combien savoureux ("The Air-Conditionned Nightmare"). MR BUNGLE a souhaité illustrer sa démesure sans avoir à saturer son son, s’adonnant à ses penchants absurdes sans nécessairement alourdir l’addition, et c’est ma fois très réussi. Cela lui aura également permis de composer son seul et unique « tube », si j’ose m’exprimer ainsi. Car à l’orientalisant "Ars Moriendi" succède le fameux « Pink Cigarette ».

Je ne saurais dire s’il s’agit là d’une ode aux cigarettes qui font voir des éléphants roses ou à tout autre chose - les paroles étant souvent relativement cryptiques chez nos amis - mais incontestablement, le morceau fait mouche. Il saura séduire, comme "Easy" en son temps, au-delà de la frange la plus aventureuse des métalleux, une petite touche d’"Evidence" en prime, exception faite d’une conclusion en mode flatline. On ne se refait pas, que voulez-vous…

Sous ses habits tout respectables soient-ils à première vue ("Sweet Charity"), "California" porte bien les germes de la folie qui habite ses géniteurs, et qui confère justement à la formation le statut de groupe « culte », parfaitement mérité au regard d’une discographie écrite en pointillés sur près de quarante années. Ce LP me fait penser aux fêtes foraines déglinguées qui prolifèrent sur les rivages des côtes ricaines, à l’Ouest comme à l’Est, un Atlantic City de fortune, mignon de loin la journée, sordide de près la nuit venue.

Un brin trop long, voilà ce qui privera "Americana" de la note ultime.