Peu client des aspects symphoniques en général dans le Metal (tout le monde sait bien que de mélanger vin rouge et vin blanc n’a jamais donné de rosé), j’appréhendais quelque peu cet EP, malgré les commentaires laudatifs de ma référence en la matière, mon estimé confrère Remissa. Ayant particulièrement apprécié "The Divine Stigmata" de DISEMBODIED TYRANT, j’ai malgré tout été conforté dans mon audace par l’appréciation complémentaire de Dark Beagle, qui n’est pas né de la dernière pluie et rarement enthousiaste sur du Deathcore. Car c’est bien de cela dont il s’agit ici. Du Deathcore, fortement orchestral.

N'y allons pas par quatre chemins, le résultat est bluffant. On tient sans doute là déjà la meilleure fournée dans le genre de l’année. La fusion des styles se fait à merveille car l’instrumentation classique, les chœurs grégoriens se fondent parfaitement dans l’écriture millimétrée de SYNESTIA, les guitares répondant ainsi aux violons magistralement. Tout cela est parfaitement pensé, et les deux groupes ont dû passer un temps fou (à moins qu’il ne s’agisse que de pur génie) à concevoir leur œuvre, car c’est bien le terme que l’on peut apposer à "The Poetic Edda", sans risquer d'être taxé de surenchère.

N'allez pas pour autant imaginer vous asseoir à l’opéra assister à une représentation classique, la perruque baroque sur le crâne. Cet EP dépote sévèrement malgré tout, Ville Hokkanen et Blake Mullens hurlent comme il le faut, dans deux styles assez différents, ce qui offre une belle complémentarité à l’ensemble voire même une certaine forme de sophistication, si j’ose dire. Ce mélange de virtuosité musicale et de matraquage en règle est l’une de mes plus belles claques de ce premier semestre 2024, tout genre confondu. Tout juste pourra-t-on regretter un riffing peu audible (ou pas assez à mon goût), tant l’attention est absorbée par les aigus, le chant et le déferlement rythmique. C’est bien là la seule réserve que j’ai à l’écoute de ces (trop) courtes vingt minutes.

Note réelle : 4,5/5