Depuis quand Remissa fait la fine bouche sur de la brutalité sans subtilité. Le monde à l’envers ? Oui, "Kostolom" est con comme une bite, ne ramassera pas l’oscar du Prog à la prochaine cérémonie des Golden Globes, mais en a-t’on quoi que ce soit à foutre, sincèrement ? Les détracteurs détesteront, tellement c’est bête à bouffer du foin. Mais SLAUGHTER TO PREVAIL ne s’adresse pas à eux. Ils nous parlent à nous, les couillons du village, les débiles, les sans-dents, les amateurs de castagne binaires dénués de tout raffinement.

Alex Terrible passe près de cinquante minutes à nous sermonner plus ou moins gentiment (enfin, plutôt moins que plus) sur des rythmes syncopés bien manichéens, sans pour autant faire fi de toute musicalité. Du Deathcore pur jus, made in Russia même si les temps ne leur sont plus favorables, quand bien même ceux-ci ne cautionneraient pas la vindicte de leur gouvernement vis-à-vis de leurs voisins ukrainiens. La voix du frontman, odieusement trafiquée par moments, crache sa haine tout au long de ce second LP déstructuré, assénant ses punch-lines comme autant de mandales dans le menton, usant de toutes les techniques extrêmes existantes.

Certains titres me rappellent les grandes heures de CARNIFEX, mêlé à un Neo Metal dépourvu de tout complexe. Pas de flon-flon ni de chichi, pas le temps de poser un solo, l’ombre d’un SLIPKNOT plane également sur la galette, sans aucun doute. SLAUGHTER TO PREVAIL délivre ici un parpaing monolithique, à prendre comme il est servi, ou à vomir pareillement.

Il n’empêche que l’énergie délivrée est bien réelle, et offre un champ des possibles infini quant à l’évolution potentielle que le groupe de Yekaterinburg voudra prendre à l’avenir. Une base suffisamment solide pour aller explorer des dimensions moins prévisibles et convenues. Remarquablement produit, terriblement efficace, "Kostolom" s’avère un sincère défouloir, blindé de violence et de breakdowns, même si en 2021, on est en droit d’attendre un brin plus de finesse dans l’agression que ce que nous livre le combo sur cet essai sophomore.

Ne dénigrons donc pas cet effort cathartique (rien à voir avec MACHINE HEAD), fait de riffs et de fureur, sans pour autant faire l’impasse sur la musicalité (l’enchainement "Agony" et "Your Only" s’avérant de toute « beauté »). Loin d’être abouti, "Kostolom" est à considérer pour ce qu'il est, un galop d’essai prometteur, assez jouissif, qui ouvre l’appétit pour la suite de l’aventure. "Bratva" en est sans doute la meilleure illustration.

Come and get some!