L’après "Nine Lives" fut prolifique pour AEROSMITH avec le succès de la ballade "I Don’t Wanna Miss A Thing" qui figurait sur la BO du nanardesque "Armageddon". Une chanson « à la "Crazy" » qui avait cartonné sur les ondes et qui avait assuré aux musiciens une retraite dorée. Pour les fans purs et durs, ce n’était pas forcément un bon signe avant la sortie d’un hypothétique nouvel album, qui viendra encore trois ans plus tard avec une pochette qui a dû donner quelques sueurs froides à certains, ce robot se la jouant Marylin Monroe pouvant cacher un indice quant à l’orientation musicale de ce "Just Push Play".

Allons, soyons fou d’entrée et disons-le tout de suite : cet album n’est pas la pure purge que beaucoup aiment décrire. Déjà, le groupe n’a plus grand-chose à prouver et pourrait s’abstenir de produire des disques. Ensuite, il décide d’utiliser des machines pour étoffer son style, Tyler reprend un flow assez rapide, quasi rap, pour sonner de façon plus actuel. Cela ne fonctionne pas toujours, parfois la surprise peut être de taille. Mais ce qui chagrine le plus, dans l’histoire, ce sont les ballades qui viennent rapidement ramollir le truc.

Personnellement, il y a plusieurs morceaux que je sauve totalement parmi les 14 qui composent cet album. Tout d’abord, si "Beyond Beautiful" n’est pas le titre d’ouverture le plus frondeur qu’ait pondu les Dupont Volants, il n’en demeure pas moins très bon et propose une montée en puissance intéressante, avec un solo explosif juste ce qu’il faut. Le title track et ses relents très marqués de "Walk This Way" fait son petit effet (morceau d’ailleurs référencé inside), "Jaded" qui est dans la lignée de "Pink" sur l’album précédent, "Under My Skin" qui suinte AEROSMITH de tous ses pores, "Light Inside" et un Perry inspiré.

En balance, je dois tout de même admettre que lorsque le groupe se frotte à la technologie, on peut obtenir des trucs intéressants, qui font lever la tête parce qu’inattendus. Je pense forcément à "Outta Your Head" et à "Drop Dead Gorgeous" qui en ont fait hurler plus d’un, mais que je trouve sacrément culotté de la part d’une formation que l’on pouvait penser emprisonnée dans son style, mais qui sort des sentiers battus avec une nonchalance bien dosée. La ballade "Fly Away From Here" vient compléter le tableau (et pourtant, je ne suis pas fan de ce genre de titre sirupeux, mais ça passe mieux qu’un "Crazy" chez moi).

Bref, cinq morceaux solides, trois qui sont en balotage favorable (le genre non mais oui quand même, vous voyez ?) et le reste ma foi, j’avoue que je n’en retiens pas forcément grand-chose. Aussitôt écouté, aussitôt oublié, malgré les écoutes répétées afin de préparer cette kro-x. Cela manque parfois de fond, de substance, comme si les compositions avaient été écrites dans le seul but de boucher les trous et de produire un album de plus d’une demi-heure afin que les fans en aient pour leur argent. Et vu sa carrière dans les charts, pas mal de monde s’est laissé amadouer par la bête.

Après, il ne faut pas se mentir non plus. Ces fameux titres que je sauve, je les extirpe d’une espèce de marasme qui tire l’album malencontreusement vers le bas. "Just Push Play" aurait gagné à être moins généreux en termes de morceaux, cela lui aurait évité tous ces moments où il ne décolle pas car trop mou, pas assez Rock’N’Roll. Et c’est dommage parce qu’il n’est pas forcément le disque honteux que beaucoup montrent du doigt. Il est le résultat de ce que de vieux Rockers peuvent produire pour rester à la page, quitte à se trahir quelque peu.