Ben moi, je l’aime bien ce "Senjutsu". Voilà, merci.

Quoi, ce n’est pas suffisamment étayé ? Quoi, l’avis d’un -coreux concernant la vierge de fer, on s’en bat un peu les steaks ? Sachez, chers lecteurs, qu’avant d’être happé par les hordes belliqueuses, j’ai construit ma conscience métallique avec IRON MAIDEN. Même que c’était l’un de mes tous premiers concerts, à l'Elysée Montmartre, pour la tournée "Fear Of The Dark", même. Que j’ai acheté "The Number Of The Beast" sur un coup de tête, parce-que la pochette me plaisait et que j’avais envie de goûter au Heavy, après avoir déjà succombé au Hard-Rock à la papa. Que c’est le groupe que j’ai sans doute le plus vu de fois en live. Bref, j’ai une parfaite légitimité pour ouvrir ma gueule sur le sujet, et pour le coup, ce n’est pas pour déverser des torrents de bile sur la galette.

Depuis ces temps immémoriaux, j’attends chaque nouvelle sortie avec un mélange d'excitation et de résignation, n’ayant que trop rarement goûté à l’intumescence ces dernières décennies avec Bruce Bruce et sa troupe. Mais en 2021, il s’est passé un petit quelque-chose, je dois le reconnaître. C’est simple, depuis le - pourtant sur-côté - "A Matter Of Life And Death" voire même "Brave New World", je n’avais pas entendu mes poulains aussi en forme dans l’écriture. Oubliez donc le nullissime "Final Frontier" ou le boursouflé "Book Of Soul", Harris et son crew ont retrouvé un semblant d’inspiration. "Halleluja", comme dirait Léonard : la plupart des chansons sont bonnes, voire très bonnes.

Malgré l’entame poussive que constitue le title-track (en gros, une longue intro de plus de huit minutes), je suis plutôt fan des autres pistes, à de rares exceptions près, ce qui est déjà un petit exploit en soi. J’y retrouve frissons et cavalcades, guitares harmonisées avec soin, menés par un Dickinson proche de la perfection, conscient de ses capacités actuelles et les exploitant à 100%, avec toujours cette capacité à nous narrer des contes, légendes et autres histoires, à nous embarquer dans un voyage par delà les temps et les univers, la conviction chevillée au corps. "Stratego", "The Writing On The Wall", "Days Of The Future Past", "The Parchment", "Hell On Earth", en voilà des bons titres !

Alors, oui, les défauts ont été relevés par mes érudits collègues : (beaucoup) trop long, production discutable pour ne pas dire poussiéreuse (on est en 2020 les gars…), morceaux dispensables, tout cela est vrai. J’y ajouterai une tendance qui m’horripile, celle consistant à souligner les voix à l’unisson avec une guitare lead sur la plupart des tracks (testez "Lost In A Lost World" et vous verrez ce que je veux dire). Signe de faiblesse absolue, de manque de confiance en son chanteur, niveau zéro de la créativité, bref, ce gimmick a toujours eu le don de m’exaspérer. Et c’est ici quasi systématique.

Pour le reste, je prends un plaisir certain à faire tourner le disque régulièrement, plusieurs années après sa sortie, ce qui n’est pas le cas, loin de là, de nombre de ses prédécesseurs. Si ça, ce n’est pas un signe…

Note réelle : 3,5/5.