Alors celui-là, j’aime autant vous dire que je ne l’avais pas vu venir. Après deux albums pourris qui sentaient bon la naphtaline pour les légendes du Thrash-qui-n’en-est-plus, j’étais persuadé que MEGADETH ne se relèverait pas cette fois. Trop d’années à faire de la merde, sept LPs dont seulement deux corrects ("Endgame" et "The System Has Failed") en près de vingt piges, il ne restait pas grand monde pour croire en Dave et Junior. Pas moi en tout cas.

S’il fallait voir un motif d’espoir avant d’écouter "Dystopia", c’est peut-être le nouveau changement de line-up (ben oui, vous attendiez quoi ?), et encore… N’étant pas fan de Power, le nom de Kiko (ANGRA) m’en touchait une sans faire bouger l’autre. En revanche, plus intéressante à mes yeux était l’arrivée de Chris Adler (LAMB OF GOD) derrière les fûts et ce pour deux raisons : ça permettait d’enfin se débarrasser du tâcheron Shawn Drover (incroyable qu’il ait tenu si longtemps) et surtout son intégration constituait une promesse de modernité pour une formation ayant tout de même trente piges au compteur. Et ma foi, les nouveaux membres assurent carrément, au-delà de mes (certes maigres) attentes !

Kiko déboite carrément à la gratte, je le reconnais bien volontiers. On retrouve une fluidité dans les leads que je n’avais pas ressentie depuis le départ de Friedman, malgré quelques fulgurances de Pitrelli ou de Broderick pendant l’intérim. Ça jaillit dans tous les sens, c’est beau, mordant, et parfaitement intégré aux morceaux. Du très bon boulot, tout comme Adler, qui emporte subtilement le son du combo vers son époque, au lieu de rester bloqué au siècle dernier. La section rythmique groove comme jamais ("Death From Within"), apportant en cela une dimension supplémentaire à la recette des Californiens. Il suffit d’écouter "Poisonous Shadows" et ses légers passages en double pour comprendre la valeur ajoutée du recrutement.

Les compositions sont plutôt bonnes, notamment sur la première moitié de la galette qui part sur les chapeaux de roues, malgré l’odeur un peu rance qui s’échappe du chant du muezzin sur "The Threat Is Real". Vraiment, Dave, t’étais obligé ? C’est con, parce que la chanson est top, tout comme le title-track qui suit, hargneux et puissant. Un vrai bon enchaînement à l’ancienne qui fait office d’un shoot d’adrénaline en plein cœur pour les fans en état de mort clinique depuis longtemps.

Malheureusement, ce quinzième album ne tient pas totalement son inspiration sur la durée, trop longue encore une fois par ailleurs (plus de cinquante minutes). Sans que rien ne soit véritablement honteux ici, les pistes peuvent s’enchaîner sans que l’on ne retienne nécessairement grand-chose, à part le vent de fraîcheur apporté par les petits nouveaux. "Dystopia" est bon mais pas marquant, à l’exception de quelques morceaux et autres moments de bravoure (l’instrumental "Conquer Or Die").
C’est déjà énorme au vu de la bouillie servie précédemment par Chef Dave et ses commis.

Note réelle : 3,5/5.