En voilà un disque qui peut passer inaperçu à la première écoute, et qui se bonifie au fur et à mesure des tours de platine. La définition-même d’un grower, ou je ne m’appelle pas Kol ! Si "Dirt" n’est pas loin de figurer en bonne place au sein de mon panthéon personnel, j’avoue avoir moins embrassé la seconde partie de carrière de l’ALICE enchaînée. Non pas que "Black Gives Way To Blue" et ses successeurs soient mauvais, loin de là, mais ils ne m’emportent pas totalement, malgré tout le talent et le courage dont le groupe a su faire preuve pour rallumer la flamme.

Mais ce "Brighten"...
Ce "Brighten" est superbe.
Et habité.
Il se déguste à des niveaux très différents d’attention, entre un Folk Countrisant à la Zakk WYLDE sur ses "Book Of Shadows", et des lignes vocales envoûtantes et harmonisées qui empruntent autant au Berserker ultime (le title-track) qu’à un Serj TANKIAN qui aurait remisé son ton nasal de par-devers lui, sur la reprise d’Elton JOHN ("Goodbye").

Jamais démonstratif, l’opus va également s’acoquiner avec le side-project de Nergal et ME AND THAT MAN, tout en conservant ses curseurs "Puget Sound" (envoûtante "Siren Song") qui font partie de l’ADN du sieur Cantrell, se faisant pour l’occasion grandement plaisir en nous en offrant plus encore que ce que nous attendions. Son jeu épuré est juste d’une mélodicité au-delà de tout soupçon, mais ce serait faire injure à ses partners in crime d’occasion que d’occulter leur apport au bousin. Au-delà des noms qui l’accompagnent, l’inspiration de la basse de Duff (GNR), le jeu au cordeau de Gil Sharone (MM, The DILLINGER ESCAPE PLAN) ou le sens des arrangements minimalistes (le refrain GHOSTien "Had To Know") de Tyler Bates (qui a offert une seconde vie au révérend MANSON, rappelons-le) sont à l’unisson.

"Brighten" est l’Umami d’un artiste fascinant, qui assume sa riche histoire tout en poursuivant son chemin vers des rivages qu’il n’avait pas encore exploré publiquement, même si l’on se doute, en écoutant l’album, qu’ils sont présents depuis fort longtemps dans son univers si singulier. Le disque est une ode au clair-obscur, à ces instants où ténèbres et lumières s’entrechoquent, provoquant autant d’émotions contradictoires que de possibilités. En cela, ses compositions sensibles constituent une réussite absolue et sans réserve.