Et soudain, c’est le drame… À force de donner des coups de volant à droite puis à gauche, on finit sur le toit dans le fossé, après un triple tonneau. Un coup Pop, un coup Électro, un coup au milieu, un faux retour aux sources, et voilà que débarque "One More Light", le "St. Anger" (pour ne pas citer "Lulu") de LINKIN PARK, à peu de choses près.

Alors, remis dans son contexte et la tragique disparition de Chester Bennington peu après la sortie de cet album maudit, on a envie de lui accorder des circonstances atténuantes. Il suffit de jeter une oreille aux premiers textes proposés dès la première chanson, tristement nommée de façon prémonitoire, "Nobody Can Save Me" : « I'm dancing with my demon, I'm hanging off the edge, Storm clouds gather beneath me, Waves break above my head (…), But nobody can save me now, I'm holding up a light, I'm chasing out the darkness inside, 'Cause nobody can save me ».

J’y étais à ce Hellfest, où les Californiens se sont fait huer en Juin 2017. Un mois plus tard, Chester était retrouvé pendu chez lui. Alors je me suis senti connement coupable, même si je n’étais pas allé les voir ce soir-là, tellement désappointé par ce dernier opus. Il n’empêche. Coupable d’avoir fait partie à mon corps défendant de cette masse de métalleux intolérante aux expérimentations et changements de style, capable de conspuer une formation qui a pourtant tant compté pour nombre d’entre nous. Je veux dire, si vous n’aimez pas, rien ne vous force à assister à un concert, il y a suffisamment de choix dans un festoche comme celui de Clisson.

Malheureusement, sur ce coup, le groupe avait donné le bâton pour se faire battre. "One More Light" n’est pas seulement Pop à tendance RnB, il est surtout incroyablement mauvais. Mélodies entendues mille fois, arrangements radiophoniques à deux balles, l’opus est effectivement parfaitement détestable, même si l’on pourra trouver quelques charmes à "Battle Symphony", par exemple, ou effectivement aux paroles des chansons, rétrospectivement d’une infinie mélancolie. Mais à aucun moment, on ne retrouve l’identité des Américains. Cette "œuvre" pourrait être le fruit de n’importe quelle formation anonyme. Elle trône à 130 millions d'écoutes morbides sur Spotify.

Alors il est facile de réécrire l’histoire quand on connait la suite, mais on comprend mieux que LINKIN PARK ne s’était pas vendu, avec "One More Light". Le groupe n’allait pas bien. Bennington n’allait pas bien. Et son monde s’est effondré. RIP Chester.