Est-ce que lorsque l’on vieillit, on perd forcément sa fougue, son mordant ? Est-ce que passé la crise de la quarantaine on arrête de rentrer le ventre et on laisse déborder la brioche sans se soucier du regard des autres ? Est-ce qu’on pense plus à ce que l’on ira faire quand sonnera l’heure de la retraite ? Est-ce qu’on perd la foi en ce que nous faisons ? Parce que c’est l’impression que donne ce "For All Kings" qui ressemble à la savonnette tombée sur le sol de la douche d’une prison. Parce que oui, ANTHRAX nous la met bien profond avec ce disque, et pas à cause de sa brutalité, hein.

Elle est quasi inexistante ici. Et on ne peut même plus dire qu’ANTHRAX fait du Thrash. Cela reste épisodique, le reste a viré au Heavy Metal chiant de chez chiant ("Blood Eagle Wings"… qu’est-ce que ce machin guimauve ?). Alors oui, il y a "Evil Twin" qui balance bien, on dira aussi le title track qui une fois dégagée de son introduction au formol est solide, mais le reste oscille entre le convenable et… et… euh… le pathétique ? Le médiocre ? Il y a toujours trop de titres, trop de pilotage automatique, trop de tentatives de bien faire qui échouent.

Je ne vais même pas charger Belladonna. Le mec fait avec ce qu’on lui propose et si Joey et Jésus commencent par la même lettre, y en a un des deux qui clairement ne fait pas de miracles. Après, le groupe persiste à poursuivre dans cette voie pénarde qu’ils se sont aménagés avec "We’ve Come For You All", Benante ne cherche plus à révolutionner le son d’ANTHRAX de disque en disque comme par le passé. Il a bien vu que ça ne remplissait pas totalement le tiroir-caisse. Bah, on ne va pas lui en vouloir pour autant, faut bien manger.

ANTHRAX sort des albums comme certains vont au boulot : par habitude, par nécessité, parce qu’il ne sait pas faire autre chose. Avec sa discographie passée, il pourrait s’en abstenir, les classiques sont désormais derrière lui et ce n’est plus qu’alimentaire, ou hygiénique. J’espère sincèrement que le fait d’avoir tenu les baguettes pour la « reformation » de PANTERA aura inspiré Benante en termes d’écriture, qu’il se remettra en question et qu’il sortira son groupe de cette spirale d’album médiocres entamée depuis "We’ve Come For You All" en 2003…