"Ash nazg gimbatul,
Ash nazg thrakatulûk
Agh burzum-ishi krimpatul."*

En 2001, deux ans après le fantastique "Stronghold", Protector et Silenius nous revenaient sacrément en forme avec ce cinquième album. L’univers de SUMMONING croissait à vue d’œil et s’embellissait en fur et à mesure que le temps passait. À l’inverse, passés les beaux émois des débuts de ce nouveau millénaire, le monde plongeait dans un chaos prévisible et meurtrier qui n’allait dorénavant plus vraiment cesser. J’avais encore vingt ans lorsque parut "Let Mortal Heroes Sing Your Fame" et j’animai en moi déjà la certitude que SUMMONING enflammerait ma vie et que le pacte que j’eus conclu inconsciemment avec eux m’animerait jusqu’à la fin de mes jours.

De tous les chefs d’œuvre et de toutes les musiques que j’apprécie, celle de SUMMONING est à part. Peu importe l’époque, les sentiments, l’aisance, ou les temps difficiles, chacun de ses albums est accueilli à bras et à cœur ouvert. Si les grands frères "Dol Guldur" et "Stronghold" resteront à jamais indétrônables de la première marche qu’ils se partagent en guerroyant depuis des lustres tels Abel et Caïn , "Let Mortal Heroes Sing Your Fame" commençait de la plus belle des manières avec un des meilleurs titres d’ouverture que le duo autrichien ait composé (la palme reviendrait selon moi à "Tar-Calion" sur le très boudé et dernier album paru "With Doom We Come").

Comme toujours l’album m’a embarqué dans un fatras de rêverie et s’est fait le corollaire d’un temps de vie précieux, mais il m’a aussi, pour la première fois, laissé un peu sur ma faim. En effet, je ne m’amuserai pas à décortiquer "Let Mortal Heroes Sing Your Fame", j’en suis bien incapable de toute façon. Les œuvres de SUMMONING me sont intimes et il me semble vain d’y expliquer précisément mon ressenti pour chaque refrain, chaque ambiance, chaque effet sonore, chaque éructation… Mais, pour la première fois, il y a un mais et, en l’espèce, il s’agit à mon sens de quelques insuffisances que cet album comporte. Tous les titres ne se valent pas et ce, malgré les années d’écoute et ces milliers de fois.

Oui, certains titres m’ont paru poussifs et je citerai volontiers "Runes Of Power", "In Hollow Halls Beneath The Fells", et certains passages qui traînent un peu la patte de "Ashen Cold". De plus, j’ai toujours trouvé un poil irritant/mièvre/kitsch la mélodie du clavier de "Our Foes Shall Fall" sans jamais, je rassure les fans invétérés de "Let Mortal Heroes Sing Your Fame", m’en sentir importuné. Si je ne cite aucun des autres titres, c'est justement qu'ils sont absolument merveilleux et tout à fait hors de portée de toute critique. À l’époque, j’avais eu le sentiment et perçu que le groupe voulait s’assagir et ouvrir son aura à d’autres facettes. J’avais sans doute tort, mais pour toutes ces raisons qui m’appartiennent, "Let Mortal Heroes Sing Your Fame" n’a jamais tenu la dragée haute à mon podium de cœur.

(*) Paroles tirées du titre d’ouverture "A New Power Is Rising".