Dieu sait que j’avais tremblé lors de la sortie de "Old Mornings Dawn". J’avais encore quelques traces de suées sur le front depuis l’aventure pas si dingue, selon moi, de "Oath Bound". Forcément l’album le plus en vue - et plébiscité par une myriade de nouveaux fans - est aussi sorti peu après la trilogie cinématographique de Peter Jackson avec l’élan que l’on sait pour la découverte de l’œuvre colossale, mystérieuse et exotique osons le mot de Tolkien pour le grand public.

Il paraît évident que cela a ramené aussi quelques brebis – dont pas mal de gamers - dans les rangs des adorateurs de SUMMONING et ceux-ci se sont sans doute bien empressés de porter aux nues d’abord "Oath Bound" puis les autres albums de la discographie. Si les Autrichiens n’ont jamais craché dans cette soupe baignant des œufs d’or (et on les comprend), nous étions pourtant une belle frange à ne pas être aussi dithyrambique concernant "Oath Bound" qui comporte son lot de titres moyens voire ratés. Alors fort de mon dernier coup de cœur, datant de près de quinze ans, le bien-nommé "Stronghold" (1999), je me savais fébrile en ce début du mois de mai 2013. Protector et Silenius allaient-ils finalement nous livrer une prestation essoufflée ou allaient-ils nous adresser un nouveau feu ?

Et la surprise fut… majestueuse. Passées les premières écoutes moyennes (le fameux temps d’apprivoisement spécifique à toute œuvre de SUMMONING), voilà que "Old Mornings Dawn" au fur et à mesure de notre relation me faisait vibrer crescendo les entrailles. Il ne me quitta bientôt plus et je m’empressais de l’emmener partout où il me serait fécond. Je devins fou de lui. De "White Tower" avant tout que rapidement je hissai parmi mes titres favoris tous albums confondus. De "Earthshine" aussi juste saisissant, effrayant de vertiges et de points de suspension dessinés au ciel. Et puis il y a aussi bien évidemment "Flammifer" qui, si je me rappelle bien, était le titre teasing de l’album. Voyageur et rêvasseur, "Flammifer" escamote les plans futurs du très beau titre éponyme qui n’est pas sans me rappeler certaines ambiances du "Dol Guldur".

Seul le titre "The Wandering Fire" comporte quelques longueurs mais elles restent acceptables et à la marge. Nous sommes loin des titres ennuyeux que sont "Might And Glory", "Beleriand" ou "Northward" sur le très déclamé "Oath Bound". Alors en ce mois de mai 2013, ce septième album de SUMMONING m’amenait au septième ciel et me remplissait d’une nouvelle réserve de rêverie et d’émotions pour les futures décennies. Depuis, bien que pas mal d’eau ait coulé sous les ponts, "Old Mornings Dawn" trône toujours aussi majestueusement parmi mes albums intemporels et en très bonne place je vous prie. En tous cas, quelque chose de chimique s’est produit entre lui et moi ; je ne finirai jamais de remercier cette entité d’être entrée dans ma vie tout comme je ne remercierai jamais assez mes parents de m’avoir procréé et de m’avoir mis bon gré mal gré sur le chemin de sa découverte.