En 1997, j’ai 18 ans et la perspective d’entendre de la nouvelle musique jouée par AEROSMITH ne m’excite pas des masses, échaudé par un "Get A Grip" qui ne m’avait pas plus (et qui me fait toujours suer). Contrairement à beaucoup, je n’ai pas réussi à emballer sur "Crazy" ou "Cryin’", mon trip a moi c’était plutôt "Dream On" ou le "Since I’ve Been Loving You" de LED ZEP’ (chansons envers lesquelles la gente féminine se montrait étrangement réfractaire), ce qui n’avait pas contribué à arranger mon humeur vis-à-vis des Dupont Volants. Bref, je fais l’impasse.

2007, soit 10 ans plus tard et une absurdité étrange du nom de Just Push Play, je tombe par hasard sur le clip de "Pink" à la télévision. Le morceau s’avère assez plaisant, une Pop légère qui se fait tout de même Rock par instants, Tyler au top, j’adhère, surtout que je trouve le morceau plus imaginatif que ce dont je me souvenais de "Get A Grip". Ni une, ni deux, je fonce chez mon disquaire, me rappelle qu’il est 22h30, beugle un « fait chier ! » et me résigne à y aller le lendemain, où je me choppe les trois albums de retard que j’avais. Merde quoi ! AEROSMITH me titillait à nouveau.

"Nine Lives" possède les mêmes défauts que son grand frère : trop long, trop de ballades… Nous sommes dans l’ère du CD, il fallait rentabiliser la surface enregistrable, aussi on gravait le maximum de musique pour remplir, tournant ainsi le dos à ce qui se faisait dans les ’70 et une partie des ’80, à savoir faire en sorte que ça tienne sur les deux faces d’un vinyle, ce qui rendait les albums plus limpides et digestes. Et ça nous aurait évité des pavés rébarbatifs comme le "Chameleon" d’HELLOWEEN par exemple.

Mais pour en revenir à nos moutons (ou à nos chats si l’on reste sur le concept de la pochette), "Nine Lives" propose une évolution musicale vu que les compositeurs extérieurs ont changé. Jim Vallance ne participe plus à l’écriture, mais on peut noter les arrivées de Marti Frederiksen et surtout de Glen Ballard qui avait transformé le "Jagged Little Pill" d’Alanis Morissette en or. La production, elle, échoit à Kevin Shirley (que l’on associera surtout à IRON MAIDEN par la suite) à la place de Bruce Fairbairn. "Get A Grip" a la réputation de clôturer une trilogie : si le groupe reste le même, les personnages qui l’entourent et l’aident changent et cela fait une différence.

Ce disque est un souffle nouveau pour AEROSMITH qui retrouve une capacité à se diversifier. Quelques motifs orientaux s’invitent ("Taste Of India", of course), des chats bien imités nous convient à nous défouler sur le morceau titre, la Pop est donc titillée sur "Pink" quand le groupe ne vire pas Punk sur l’offensive "Crash", qui porte très bien son nom (quand AEROSMITH avait-il sonné de la sorte pour la dernière fois ? Sur "Done With Mirrors" ou sur "Rock In A Hard Place" ?). "Falling In Love", "Something’s Gotta Give" ainsi que "Falling Off" sont d’autres bons moments de ce disque qui n’en manquent pas.

Ensuite, les ballades… La plus mauvaise est la première à pointer son nez, à la troisième place de la tracklist. Nous retrouvons Desmond Child à la composition et cela s’entend : c’est très guimauve, trop pour AEROSMITH et on sent qu’ils essayent de refaire le coup du hold up de "Crazy", mais cette fois-ci ça ne prend pas. "Full Circle" et "Kiss Your Past Goodbye" se veulent plus réussies dans le genre, plus agréables à l’oreille car moins enrobées de sucre pur (même si l’aspartame n’est pas la solution à tous les problèmes).

"Nine Lives" est un disque qui se veut plutôt diversifié, avec son lot de moments forts et ses quelques coups de mou. Et malheureusement, à l’exception de "Honkin’ On Bobo", cela aura tendance à s’inverser sur les albums suivants. Alors "Nine Lives", dernier grand opus de ce groupe légendaire, ou purge déguisée ? Chacun se fera son avis, le mien est fait et je vous le partage.