Ce disque est beau. Pas forcément renversant, mais beau. Cela commence d’ailleurs par son artwork, la première chose que l’on découvre de lui. Il y a des artistes qui donnent encore de leur personne pour réaliser des illustrations qui marquent les esprits, à une époque où la froideur d’une IA inonde le marché. Il se dégage une mélancolie douce de cette pochette, qui correspond finalement assez bien au contenu de cet album assez court, mais intense en émotion.

Aujourd’hui, Neige ne cherche pas à nous emmener ailleurs, à expérimenter de nouveaux sons, chercher des nouveaux horizons avec ALCEST. Au contraire, il va revenir sur sa carrière, avec ces éléments Black Metal qui se traduisent par une guitare saturée qui tend à disparaître à mesure que l’on progresse dans l’album pour vivre quelque chose de plus atmosphérique, de plus léger également, mais qui brille par une espèce d’intensité diffuse, une magie qui opère alors que l’on ne comprend pas toujours ce que baragouine Neige. Mais ça, nous en avons l’habitude et nous composons avec depuis longtemps.

Il règne là une espèce de torpeur paisible. Elle ne vient pas tout de suite, mais elle s’installe doucement, à son rythme, avec poésie, pourrait-on dire. ALCEST, c’est le genre de musique que l’on peut passer en fond, qui ne va pas nous distraire de nos taches, ou alors, au contraire, elle est de celle qui va nous mener à l’introspection, surtout si nous l’écoutons au casque. C’est une accessibilité musicale qui se veut malgré tout exigeante. Tout dépend du moment, ou de comment nous écoutons les mélodies d’ALCEST.

"Les Chants de l’Aurore", c’est un disque d’oppositions et de communions. Un Yin et un Yang, toujours en équilibre précaire. La noirceur ne l’emporte pas, ni la lumière, mais il se dégage quelque chose d’apaisant. Et de beau. Nous y revenons à cette notion totalement subjective mais qui, pourtant, ne s’éloigne jamais vraiment quand on évoque l’œuvre d’ALCEST. Et "les Chants de l’Aurore", si vous ne connaissez pas le travail de Neige, c’est une porte d’entrée idéale pour son côté « bilan de compétences » qui se veut bien plus pertinent qu’un best-of monté à la hâte et qui serait de toute façon très différent en fonction de la personne qui le prépare.

Peut-être pas une œuvre majeure, mais un disque remarquable.