Un pavé dans le… Nil. Je le concède, ce trait d’esprit était plutôt bas de plafond, à l’instar de l’approche hyper frontale et pas subtile pour deux sous d’"Annihilation Of The Wicked". NILE a su montrer dès sa genèse sa capacité à essorer jusqu’à la dernière goutte l’ésotérisme mixé au folklore fantasmé par les profanes des rites et autres entités Égyptiennes. Il était donc temps que le côté Brutal s’expulse de l’enveloppe charnelle de Sanders, et que le reste du crew se délie les phalanges pour broyer chaque grain de sable sur son passage.

Restons cohérents, et soyons donc directs et parfaitement limpides : "AotW" ne possède aucun temps faible. Qu’il s’agisse des titres les plus succincts et fédérateurs ("Sacrifice Unto Sebek", "The Burning Pits Of The Duat") ou des plus travaillés et tortueux ("User-Mâât-Râ", l’éponyme et l’immense et oppressant "Von Unaussprechlichen Kulten", ouvrage fictif aux strophes hiéroglyphiques issu de l’esprit brillant de Lovecraft), NILE se sublime dans la violence et… Quel jeu de batterie ! Kollias, nouvel arrivé pour l’occasion s’illustre au sommet de son art et sublime le travail de ses collègues. Brillant dans les tempos lents et évidemment supersoniques, le quartet est d’une symbiose remarquable et l’enchaînement naturel, presque inné, d’un lick de quelques notes à un blast en passant par des soli stridents et décousus ne laisse aucun répit, si ce n’est à peine le temps de comprendre ce qui nous arrive.

L’archaïsme de la démarche et l’embourgeoisement de nos esgourdes vis-à-vis d’un groupe que l’on sait capable de produire des titres dantesques et dont le talent n’a pas encore été exploité à cent pour cent explique l’imputabilité de notes que je jugerais de "sévères" à son égard. Il faut savoir lire entre les lignes (et les idéogrammes) pour à la fois apprécier le travail de recherche hyper pointu des lyrics, et la beauté pure bien que brutale de la frénésie dont les Sud-Caroliniens nous éclaboussent. "Annihilation [...]" est un de ces albums qui, n'exagérons rien, ne bouleverse pas, mais bouscule au travers de son microcosme, sans crier gare dans une démarche à l’air faussement simpliste, mais réellement mature et aboutie.

Note réelle : 4,5/5.

Morceaux préférés : "Von Unaussprechlichen Kulten", "Cast Down The Heretic", "User-Mâât-Rê".