AEROSMITH voit son line-up originel reformé à l’occasion de l’enregistrement de leur huitième opus studio. Perry et Tyler ont enterré la hache de guerre, Brad Whitford revient à son tour et le groupe enregistre sous la houlette de Ted Templeman (MONTROSE, VAN HALEN…), qui va avoir une approche différente de Jack Douglas. L’album qui en résulte, "Done With Mirrors", possède une dynamique particulière, proche des deux formations citées plus haut, tout en conservant leur patte et surtout, en renouant avec un style plus proche de leur ADN.

Le disque est brut de décoffrage et se veut agressif. Ce que le groupe va perdre en nuance, il va le gagner en force de frappe. Malgré tout, on retrouve ce groove particulier distillé par la section rythmique, ces assauts de guitare typiques de Perry, les lignes mélodiques conduites par Whitford. Tyler est en voix et il semble plus concerné par ce qui se passe en studio. Nous le retrouvons crédité sur chaque composition, à l’exception de "Let The Music Do The Talking", tirée du premier disque du Joe PERRY PROJECT et remanié pour l’occasion. Cela reste une très bonne entrée en la matière, vive et percutante.

"Done With Mirrors" est un disque décomplexé, avec ses prises captées live en studio comme Templeman l’avait fait avec le premier opus de VAN HALEN. Aussi nous assistons à un déluge de Rock N’Roll bien lourd (pas toujours dans le bon sens du terme) et incisif. On se laisse facilement séduire par l’aspect vindicatif de "My Fist Your Face", on tapera du pied sur "She’s On Fire", grisé par le flow de Tyler qui retrouve la vibe qu’il avait sur "Walk This Way". Et si l’ensemble manque parfois un peu de feeling, de bons moments éclosent çà et là, comme "Shela" ou encore le sombre "Darkness" qui clôt les débats.

Mais grosso modo, ce sont surtout les deux premiers titres qui font tout le sel de cet album. Les deux compositions qui tiennent le mieux la route. Des bons moments, il y en a d’autres, mais rien ne se voudra aussi abouti que ces deux chansons, qui donnaient le la, mais qui ne furent pas toujours suivies dans les intentions. Cela reste toutefois plus dynamique que "Rock In A Hard Place" et surtout, l’album se veut plus homogène, plus dans une lignée Hard Rock pure, sans digression de la part des musiciens qui sont concentrés sur leur tâche.

Bien que pétri de bonnes intentions, les réceptions critiques et commerciales de ce disque seront très mitigées, et plusieurs membres du groupe ne seront pas très tendres avec lui par la suite, à commencer par Joe Perry himself qui explique qu’il s’agit là du meilleur album qu’ils pouvaient faire à cette époque. Effectivement, il n’est pas le meilleur des Dupont Volants, mais il a son charme. Et il a certainement été une étape obligatoire avant le virage stylistique et commercial pris sur "Permanent Vacation".

Du tout bon : "Let The Music Do The Talking", "My Fist Your Face".
Chaudement recommandé : "She’s On Fire", "Darkness".