Il est tard, minuit est déjà loin derrière et l’insomnie me tient compagnie. Allongée dans mon lit, je contemple le plafond, les yeux grands ouverts. Dans ma tête c’est le chaos, mille pensées me traversent l’esprit, des souvenirs s’entrechoquent, des mots se suivent dans le désordre, des émotions dansent entre-elles. Je sais que je ne fermerai plus l’œil de la nuit, alors dans le peu de lucidité que j’arrive à avoir malgré mon éveil, mes doigts tâtonnent ma table de chevet et se saisissent de mon portable et de mes écouteurs. La luminosité trop élevée de l’écran me détruit les yeux mais j’arrive lentement à accéder à mon appli Spotify et à lancer un album.

Mon choix se porte assez vite sur du VIOLET COLD, compagnon d’insomnie et de soirée depuis quasiment une dizaine d’années déjà, et allez, histoire de pas toujours me repasser "Desperate Dreams" et "Noir Kid" qui tournent trop souvent dans mes oreilles, je me lance "Magic Night". L’entrée en matière, "Everything You Can Imagine Is Real" est parfaite. Son commencement, tout en douceur avec sa guitare acoustique qui hypnotise avec sa ritournelle, me permet de doucement entrer dans l’album et d’être parée quand survient le mur de grattes saturées sur fond de nappes de synthé atmosphériques. C’est une musique que j’affectionne énormément, sa progression est absolument merveilleuse et rien qu’avec un titre, il a stimulé mes rêveries éveillés pendant très longtemps. Mon corps se détend, je n’aurai certes pas de sommeil cette nuit, mais au moins la musique calme le feu dans mon cerveau.

"Magic Night" enchaîne en blastant dans la joie et l’allégresse, après m’avoir apaisé, VIOLET COLD me jette directement dans son monde fait de ciel étoilé, d’obscurité et d’émotions. Mon plafond disparaît pour laisser place au vide, mes couvertures se changent en aurores boréales bleutées et la musique me berce. La musique, parlons-en, totalement instrumentale elle est dans la droite lignée de ce que VIOLET COLD a sorti auparavant. Un Black Metal mélancolique et doux, rehaussé par des synthés euphoriques, presque Pop qui laisse parfois place à de douces mélodies au piano du plus bel effet. Ici, aucune violence, c’est d’ailleurs l’album le plus doux qu’a produit VIOLET COLD et c’est parfait pour mes dérives nocturnes. Néanmoins, si les morceaux ne souffrent pas réellement de défauts à proprement parler, ils se fondent tous les uns dans les autres et il m’est difficile d’en extraire réellement des passages marquants (bon sauf le premier titre mais ça compte pas, j’ai passé des années à l’écouter en boucle sur YouTube avant de réellement écouter l’album). "Magic Night" est un bloc à écouter d’une traite.

Je ne sais pas à partir de quand, l’interlude au piano "For Amelie (Polish Lullaby)" ou le merveilleux "Drowned In The Lights", mais je sens des larmes couler sur mes joues. "Magic Night" n’est certes pas le meilleur album de VIOLET COLD, mais il a quelque chose d’incroyablement touchant, une certaine simplicité dans les morceaux et dans sa formule qui fait mouche à chaque fois que je l’écoute. Je pleure, ça fait du bien et dans ma rêverie, j’imagine ces larmes rejoindre les étoiles. "Magic Night" me remue, joue avec mes émotions et qu’est-ce que ça me rend heureuse.

Après avoir doucement été ramenée dans mon petit lit par "Last Day On Earth". Je repose mon téléphone sur la table de nuit. Il reste au moins deux bonnes heures avant que le réveil ne sonne. Je n’arriverai pas à me rendormir mais ce n’est pas grave, mon esprit est apaisé, parti quelque part au plus profond de mon imagination et loin dans les étoiles.