KAFIR!!!

Il aura fallu cinq albums à NILE, à s'essayer tous azimuts, du plus rapide au (presque) plus lent, du plus tribal au plus aseptisé, et du plus violent au plus… non ça a toujours été violent, pour accoucher d'un sixième album absolument à l'équilibre de tout, sans être le cul entre deux chaises. Attention, je n'ai pas dit que les précédents opus sortaient du laboratoire d'un savant fou et étaient purement expérimentaux, en témoignent "AtCoN" et "AotW", aux antipodes l'un de l'autre mais chacun brillant dans son domaine, mais ce "TWtGD" (ça fait beaucoup d'acronymes pour feindre l’érudition) est la quintessence du meilleur de ses prédécesseurs, c’est un fait. Cité top un sur moult sites pêchés pêle-mêle, l’ami Mefisto ne s’y est pas trompé non plus en lui attribuant semble-t-il également cette place de choix.

Articulant savamment des titres longs et pesants mais qui parviennent à assurer une dose de violence comme NILE en a le secret ("4th Arra Of Dagon"), avec des interludes cabalistiques lugubres ("Yezd [...]"), tout en conservant plus que jamais des sonorités égyptiennes travaillées ("Kem Khefa Kheshef"), la quasi-heure de la galette nous gratifie de soli sweepés d’une agressivité plus démonstrative que jamais et d’un travail aux fûts absolument dantesque. Vraiment, cette galette est complète comme une jambon-oeuf-fromage. Le trio Sanders-Toler-Kollias est indiscutablement le groupe de brainstorm le plus performant de la vie du combo.

Jamais le chant n'a été aussi puissant et avec une diction aussi claire malgré la cadence d’expulsion des syllabes, qu’elle qu’en soit la langue. Enfin, la production atteint des sommets de justesse et d’équilibre entre les membres, permettant à chaque instrument, du plus tribal au plus moderne, de trouver sa place dans cette déferlante cryptique jouissive et mixée aux petits oignons.

Un reproche, s’il en fallait vraiment un, est l’homogénéité des titres, globalement plutôt étirés, qui induisent des longueurs (l’enchaînement éponyme-"4th Arra Of Dagon" tire un peu sur la corde).

Stoppons la flatterie, tout le bien a déjà été dit de "Those Whom The Gods Detest", n’en jetez plus, l’amphore est pleine… et malgré tout cela, je trouve "Annihilation Of The Wicked" meilleur. Poser que je suis.

Note réelle : 4,5/5, d’un chouïa.

Morceaux préférés : "The Eye Of Ra", "Hittite Dung Incantation", "Kafir!".