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Mon rapport avec l'écriture est assez singulier, c'est un peu du "je t'aime, moi non plus".

Certes, il est humain d'aimer parler des choses que l'on aime, de vouloir les partager ou tout simplement de donner son opinion... Mais je dois bien reconnaître que la satisfaction de finir un papier est bien plus forte que le plaisir que j'en ai à le rédiger. D'ailleurs à l'époque où je faisais encore des semi-marathons (1), il n'était pas rare qu'à mi-parcours, un dimanche matin vers les 10h du mat', j'en venait à me poser cette fameuse question : "mais qu'est-ce que je fous là ?" Et pourtant, la ligne d'arrivée franchie, je n'avais qu'une seule idée en tête, reprendre l’entraînement et participer à une nouvelle course afin de faire mieux la fois suivante... Et pour l'écriture, c'est la même chose !

Car si écrire est une passion, elle me demande toutefois un soin particulier par respect, tout d'abord, pour ceux qui me lisent mais également pour être au niveau qualitatif qui sied à un site comme Nightfall In Metal Earth. En effet, si un texte se doit d'être intéressant sur le fond, il doit l'être également sur la forme afin d'être agréable à lire... Pour cela, les mots doivent être savamment choisis, les phrases suffisamment bien construites, et l'aération du texte, via les longueurs de phrases et l'utilisation idoine des virgules, être cohérente. La longueur des paragraphes demande aussi une attention particulière afin ne pas être trop courts et donner un sentiment de survoler une idée, ou trop longs et perdre le lecteur avec un pavé indigeste. Et puis ajoutez à cela le fait d'essayer de garder une "dynamique" de lecture en rattachant certains paragraphes entre-eux (le "Car" qui débute ce paragraphe est là pour ça, par exemple... Il est dispensable au texte mais fluidifie, à mon sens, la lecture) et vous comprendrez pourquoi un écrit peut être long à sortir, surtout si, comme moi, l'auteur ne possède pas le talent inné de certains de ses collègues chroniqueurs.

Et ça se complique quand il s'agit d'écrire sur un disque...
Personnellement, je ne me prends ni pour un spécialiste ni même un fin connaisseur de musique, j'aborde la rédaction de mes chroniques comme l'auditeur lambda que je suis et ne souhaite nullement apporter une quelconque vérité ou jugement péremptoire (2) sur une œuvre ou un artiste. Non, je ne suis là que pour apporter un avis parmi tant d'autres avec l'espoir, selon les cas, d'amener une réflexion ou un point de vue différent sur un album que vous connaissez déjà, ou mieux, de vous faire faire de belles découvertes... Et si en plus la manière de vous présenter mon avis vous plaît, alors c'est que j'ai bien travaillé.

L'exercice est toutefois casse-gueule. Tel un documentaire, une chronique musicale ne peut se permettre d'approximation et autant un ressenti vous est propre, autant quand il s'agit de parler plus concrètement de ce que vous écoutez, le lecteur aura vite fait de noter vos approximations ou manque de référence (prendre une reprise d'un groupe pour une composition originale vous amènera un retour de bâton immédiat (3), par exemple). D'où le "je t'aime, moi non plus" car mon envie de partager ma passion de la musique rentre en conflit avec mon manque de confiance en moi et la peur de commettre des erreurs qui en résulte... Publier un texte est donc pour moi un plaisir mais également un exercice psychologique où je combat ma peur de l'échec... Éa m'économise le psy, remarquez...

Mais avant la mise en forme, il faut déjà digérer l’œuvre en elle-même et je dois vous avouer que ma façon de procéder a évolué avec le temps : lors de mes premiers écrits, je privilégiais le ressenti en oubliant parfois l'analyse qui va avec. Mes textes sortaient donc plus naturellement, étaient d'une grande sincérité mais manquaient cruellement de matière et donc d’intérêt. J'ai ensuite consacré plus de temps a décortiquer les compositions en multipliant les écoutes jusqu'à m’écœurer du disque en question, car il est bien plus facile de souligner les travers et dire du mal de quelque chose que de s'extasier de façon pertinente et sans trop user de superlatif sur les vertus du sujet sur lequel on écrit… Mon texte sur "Death Magnetic" tira d'ailleurs le signal d'alarme et je dus y préciser, malgré tous les points négatifs relatés, que j'aimais quand même le disque : mettre l'accent sur ses défauts avait monopolisé mon attention et gâché mon plaisir d'écoute.

Ce fut d'ailleurs l'une des raisons de ma "pause "Nimienne" entre 2009 et 2017… j'avais besoin de ressentir à nouveau la musique et de ne plus seulement la disséquer. Il m'était nécessaire de retrouver le plaisir d'écouter un artiste ou formation, sans penser à ce que je pourrais en dire dans une éventuelle chronique et surtout de ne pas dénaturer mon avis en me gavant d'un même album sur une courte période. Ce dernier point fut le démarrage de mon changement de mentalité vis-à-vis des œuvres écoutées. Certes, il est toujours question d'une vingtaines de passages minimum sur la platine pour bien les assimiler et les comprendre mais à présent, je garde toujours en moi mon appréciation des toutes premières écoutes et ne laisse plus les suivantes me faire diamétralement changer d'avis.

Certes je vous l'accorde, ce dernier point peut diviser et il se pourrait même que certains de mes confrères chroniqueurs soient en total désaccord avec moi. Mais non, les phrases du style "l'album nécessite de nombreuses écoutes avant d'être apprécié à sa juste valeur" (que j'ai moi-même déjà employées par le passé), ne trouvent plus grâce à mes oreilles. En musique, au cinéma ou tout autre milieu artistique, on peut se demander pourquoi on aime une œuvre, pourquoi elle nous touche puis comprendre les raisons pour lesquelles elle nous plaît et l'apprécier encore plus une fois les différents "niveaux de lectures" et subtilités assimilés. Mais on ne doit pas la trouver quelconque, voire mauvaise, un jour et lumineuse un autre par le seul fait de s'en être gavée des heures durant… le riff de "Aquatic Race" du dernier AYREON, par exemple, m'a écorché l'oreille lors des 3-4 premières écoutes, si aujourd'hui ça passe mieux, c'est juste que je m'y habitué, pas parce-que je le trouve bon aujourd'hui. Le parallèle (4) avec le syndrome de Stockholm serait facile mais personnellement je l’appellerai plus le syndrome "St Anger", album que j'ai réussi à aimer à force de l'écouter en boucle… Pas étonnant que je n'ai jamais osé poser une oreille attentive sur "Lulu", à l'époque de sa sortie j'aurais été capable de l'apprécier, c'est dire si j'avais besoin d'une pause et a quelle point celle-ci fut salutaire.

Alors me revoici, toujours aussi discret et peu prolifique qu'avant mais bien plus épanouie également... Et vous savez quoi, c'est bon d'être de retour à la maison !

(1) Ça fait trois ans, depuis la naissance de ma fille, que je dis que je vais m'y remettre...
(2) "Bah oui, la force vient dans ce sens-là et les plaques sont péremptoires par rapport à l'axe"
(3) Well done, dude!
(4) "Non mais nous on veut dire que ça tranche".




             



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